''Pet animal'' signifie en français animal de compagnie. Dans le langage existe aussi des ''pet words'', des mots favoris qui reviennent sans cesse.
Cela étant dit, celui qui passe en revue la littérature politique négro-mauritanienne constate au niveau de chaque paragraphe, presque, le mot composé Arabo-berbère, un refrain obsessionnel évident, pourquoi ?
La raison de cette obstination est manifeste, elle aussi, et s'inscrit dans la lutte anti beïdane. Naïvement, les militants noirs de notre pays, par ce rappel incessant, disent à qui veut bien entendre qu'avant le présent, il y avait le passé, et que derrière la parenté, il y avait la non consanguinité et l'extranéité, ainsi ils croient qu'avec du simple bashing, ils peuvent amener le tissu social arabo-mauritanien, jugé antagonique, à craquer autant qu'ils le désirent, eux .
Travail d'Arabe ! Les Nationalistes peuls ne craignent-ils pas l'effet boomerang en raison de la symétrie des cas, le leur et celui de l'autre camp ?
Si les patronymes Kane, Sy, Ly, Thiam, Sarr… (Cet ordre n'est pas fortuit, il respecte la stratification de la société pulaar) se revendiquent peuls exactement comme Diallo, Ba, Sow, alors qu'ils sont toucouleurs, pourquoi donc vouloir priver Bilal, Massaoud, Mbareck, Mohameden de se dire Arabes exactement comme Sid'Ahmed, Henoune, A'ly, Amar…?
La voie et le processus par lesquels les Toucouleurs sont devenus des Peuls sont analogiquement les mêmes qui font que tous les Beïdanes (noirs et basanés) se définissent comme des arabes, c'est-à-dire qu'ils le sont par la langue et par la culture, même si parfois la couleur et la pureté de sang ne suivent pas.
Par ailleurs, l'Histoire n'est pas que paix et heureuse cohabitation.
Lorsqu'au XVIII siècle, à l'ouest de l'espace maure eut lieu la fameuse guerre Char Beba entre Guerriers et Marabouts ; au Fouta aussi, les Marabouts toucouleurs dirigés par les érudits Souleymane Ball et Abdel Kader Kane croisèrent le fer avec les Guerriers peuls et mandings, et mirent fin à la dynastie des Déniankobés.
Nous sommes donc à tout point de vue les mêmes : fiers et aux origines mixtes, mais une malédiction nous poursuit.
Quand c'était le plein emploi, quand notre pays importait la main d'œuvre qualifiée et non qualifiée de la sous-région ouest-africaine et quand l'État n'était ni injuste ni ségrégatif, le clash interethnique eut lieu quand même. Le président Mokhtar O. Daddah avait dans ses mémoires relaté ces malheureux évènements de février 1966 qui ont été provoqués par la décision de son gouvernement de rendre l’enseignement de l’arabe obligatoire, une mesure refusée avec force par les cadres ressortissants de la vallée.
Quand l'armée recrutait à tour de bras, quand son premier bureau faisait le tour des lycées pour arracher de nouvelles recrues et fermait les yeux sur les naturalisations à la va-vite dejeunes Sénégalais, l'arrivée continue de nouvelles promotions de jeunes officiers beïdanes formés en langue arabe finit par pousser un groupe de jeunes officiers subalternes pulaars à planifier une prise du pouvoir par la force, c'était en 1987. Cette tentative dénoncée avant son exécution avait apeuré les Beïdanes et affolé une partie de l'armée, ses séquelles et celles des drames qu'elle avait engendrés sont toujours rappelés aussi souvent que le ''pet word'' arabo-berbère par la même machine de propagande subversive poulo-toucouleur.
Manifestement, il y a une malédiction qui bloque les bienfaits de la communion fraternelleentre les fils de la nation, les Marabouts du Fouta et ceux de Bilad Chinguitt doivent nécessairement conjurer les démons de la discorde nationale, ou tout au moins implorer Allah pour que le travail séculier donne de bons et rapides résultats.
Ely O. Sneiba