
De nombreux événements et positions récentes mettent en lumière la faiblesse de l'influence du ministère du Pétrole mauritanien dans la gestion du dossier d'extraction de gaz du champ marin de Tortue, dirigé par BP. L'inefficacité de ce ministère s'est manifestée à plusieurs occasions, comme lors de la déclaration de son ministre, Mohamed Ould Khaled, le vendredi 21 février 2025, annonçant l'exportation de la première cargaison de gaz le lendemain. Alors que le navire n'arriverait au site du champ que quatre jours plus tard et que le processus de chargement du gaz naturel liquéfié pourrait nécessiter une semaine avant l'exportation. Lors de cette même interview, le ministre a également montré qu'il était mal informé sur de nombreux détails liés aux accords de commercialisation de notre gaz pour l'exportation et le marché intérieur en Mauritanie.
Le dernier échec du ministère a été son silence face à l'incident grave de la fuite de gaz d'un des puits, décidant de laisser la gestion de cette affaire entièrement entre les mains de BP. Cela est d'autant plus préoccupant que cette fuite représente un danger catastrophique pour les richesses maritimes mauritaniennes. Dans une telle situation, le ministère aurait dû communiquer sur l'incident et constituer une commission d'experts internationaux indépendants pour évaluer les dommages causés. De plus, il aurait été impératif de réévaluer l'étude d'impact environnemental ainsi que les plans de réponse élaborés par BP, qui semblent avoir été développés en l'absence totale de la représentation mauritanienne des ministères du Pétrole et de l'Environnement."
BP restitue-t-elle la catastrophe du Golfe du Mexique en Mauritanie?
Aux États-Unis, la témérité de BP a conduit à des catastrophes environnementales majeures. L'entreprise s'est appuyée sur un plan de réponse à la catastrophe de Deepwater Horizon fondé sur une analyse de vulnérabilité environnementale qui avait été réalisée par copier-coller depuis des études sur les eaux au large de l'Alaska. Par exemple, ce plan prévoyait l'évacuation des morses (mammifères marins), malgré l'absence de ces animaux dans le Golfe du Mexique.
En pratique, la stratégie mise en œuvre pour gérer la pollution résultant de Deepwater Horizon s'est essentiellement concentrée sur l'utilisation intensive de dispersants pour empêcher le pétrole d'atteindre le rivage, afin d'éviter les photographies des journalistes montrant des oiseaux contaminés. Cependant, ce mélange de pétrole et de dispersant a engendré la formation de taches de "fioul" qui se sont enfoncées dans les profondeurs marines. Bien que ces taches soient invisibles, elles ont contribué à polluer et à tuer les récifs coralliens dans les eaux froides, provoquant des pertes non quantifiées pour les pêches. Ces écosystèmes, que l'on retrouve également au large des côtes mauritaniennes, jouent un rôle vital dans la fourniture de nourriture et d'abri pour les ressources halieutiques.
En Mauritanie, cependant, les plans de réponse et de gestion établis par BP semblent ne pas se fonder sur une connaissance précise de la nature de la région. Ils n'intègrent pas non plus l'atlas de vulnérabilité à la pollution de surface dans le plan de lutte contre la pollution marine, limitant ainsi leur efficacité. En période de crise, il est essentiel de disposer d'un plan de réponse solide et de la capacité d'agir rapidement avec les moyens les plus appropriés. Pourtant, il est alarmant de constater que Kosmos Energy et BP ont financé des études pour analyser le degré d'exposition de la région à la pollution de surface, sans qu'un véritable plan d'action ne soit mis en place.