
Certains agitateurs pulaars, en manque de popularité, se tournent vers le communautarisme ethnique. Ils en abusent pour exister et réaliser des bénéfices politiques. En agissant ainsi, ils ont réussi à établir des antagonismes interminables entre la communauté arabo-mauritanienne et la communauté négro-mauritanienne dans un duel qui pourrait, s'il n'est pas résolu immédiatement, mettre en péril l'unité nationale.
À ce sujet, il serait pertinent de rappeler aux chantres du vivre-ensemble que la société traditionnelle mauritanienne n'a jamais éprouvé de difficulté à cohabiter. Les Maures et les Pulaars entretenaient des relations fraternelles et conviviales, parfois faisant front ensemble contre l'ennemi.Lorsque les Torodos, par exemple, ont lancé leur révolution islamiste contre le pouvoir peul de l'autre côté du fleuve, les Maures étaient là pour prêter main forte à leurs alliés denianké. Aussi, face à la colonisation française, les résistants nationaux ont uni leurs forces pour défendre leur pays, à tous.
De nos jours, les aristocrates de la société pulaar se caractérisent par leur modération. Ils n'ont tout simplement pas à recourir aux facteurs ethniques ; ils ont déjà leurs bases populaires, pendant que les autres issus de classes intermédiaires et de castes sont en faveur du fanatisme ethnique, qui est un vecteur de popularitétoxique.
C'est malheureux, mais c'est ainsi. Dans une démocratie, il est essentiel d'entraîner un grand nombre de personnes, des foules qui sont souvent amorphes.
Deux exemples nous semblent mettre en évidence cette réalité.
Feu Saidou Kane, déçu par son Sénégal natal peu ethniciste, arrive en Mauritanie et constate que les Pulaars sont paisibles et tenus de main de maître par leur famille dirigeante traditionnelle.
Saidou, ne bénéficiant d'aucune base populaire, que ce soit à Tékane ou ailleurs dans la vallée du côté mauritanien, met en place les Forces de Libération des Africains de Mauritanie (FLAM), un mouvement communautariste anti-arabe. On connaît bien la suite de son parcours et il a été élevé au rang de chevalier de l'ordre national à titre posthume !
Dans le deuxième cas, il s'agit de Biram Ould Dah, secrétaire de greffe de son État, et un illustre inconnu qui n’avait pas voix au chapitre. Il se fit alors passer pour le porte-parole des Harratines, en leur garantissant que la délivrance serait à portée de main s'ils le suivent sans réfléchir. Exit la modération, place au fanatisme harratine.
Par conséquent, les barons Boydiel Ould Houmeid et Messaoud Ould Bouakher perdent en popularité dans le milieu harratine en raison de leur pragmatisme et de leur patriotisme.
De cette manière, les patriotes honnêtes et sérieux sont plongés dans un état de suffocation. Ils ne savent plus vers où se tourner. La prédominance du communautarisme ethnique les étouffe.
Ely Ould Sneiba
Le 19 février 2025