Il est clair que les recherches historiques dans notre pays, faute de ressources allouées aux établissements dédiés à cette mission, sont plutôt modestes. C'est pourquoi nos chercheurs dans ce domaine, si utile, suivent toujours des chemins traditionnels, non révolutionnaires.
Étant donné que nos autorités publiques s'efforcent maintenant de mettre en valeur notre héritage culturel et historique, il serait opportun, à cet égard, de s’occuper du peuple Guirganké dans le cadre des efforts consacrés à l’écriture de notre histoire.
Aucun historien, par exemple, n'a jamais cherché à établir un lien entre les Oudaya du Maroc et ceux de Mauritanie, comme s'ils étaient deux groupes distincts. Cependant, il s'agit du même tissu social déchiré à un certain moment de notre histoire par la colonisation espagnole au nord et la colonisation française à l'est, au-delà de Tilimsi.
De même pour les Guirganké, leur existence ne nous a jamais été enseignée, que ce soit à l'école ou à l'université.
Il n'a jamais été dit qu'ils étaient des Aous de Médine, des Ansars. Qu'ils avaient fondé, selon Paul Marty, les villes antiques de Chinguetti, Tichit et Oualata au début du millénaire passé.
Au sujet de l’appellation de ces arabes, la légende raconte Lamin bel-Hadj Al Ansari fonda Togba dont la destruction a été causée par un conflit entre les maîtres et leurs esclaves. Seule une femme des Tagdaous a survécu au massacre. Cette femme a mis au monde deux jumeaux, l'un blanc et l'autre noir, et elle a quitté pour s'installer à Diara (Nioro).
‘’Les gens de Diara, qui étaient des Soninkés, désignaient l’enfant blanc sous le nom de « Guirga Kollé » « l'homme blanc », et son frère jumeau sous le nom de « Guirga Binné », c'est-à-dire « l'homme noir ». Les descendants des uns et des autres, que plus rien ne différenciait dans leur teint, furent des Guirga, qui pluralisé à l'indigène donne aussi Guirganké’’ (Marty. Kayes.PP132).
Une plus grande clarté sur cette page de notre histoire éclairera notre lanterne et ébranlera des certitudes formées par le manque d'information.
Avant de terminer, nous savons qu'une tribu parmi les nôtres, en l’occurrence les Ideyboussat, se réclame Ansar. Qu'en est-il des Aoueissiyatt, prononcé avec un « A » guttural en hassanya ? Est-ce qu'ils ne sont pas issus des Aous aussi ?
La recherche seule nous dira.
Ely Ould Sneiba
12/12/2024