L'atelier des médias s'est rendu à Nouakchott, capitale de la Mauritanie, à la rencontre de journalistes. Ils racontent le cheminement de la presse indépendante mauritanienne depuis l’ouverture à la démocratie il y a trois décennies. Il faut aussi part des nombreux défis qui subsistent parmi lesquels la formation des journalistes ou encore une meilleure structuration des médias.
Bakari Guèye, un des doyens du journalisme en Mauritanie – il s'est lancé en 1992, alors qu'il était professeur de français –, raconte comment la presse indépendante s'est développée dans le pays, magré l'absence d'école de journalisme. Si ces trente dernières années n'ont pas été un long fleuve tranquille, actuellement « aucune question n'est taboue au niveau de la presse. La liberté de la presse est une réalité [...] le pouvoir comprend qu'elle est nécessaire », assure-t-il. Journaliste et blogueur sur Mondoblog,Bakari explique que cette deuxième casquette lui permet de « [se] lacher complètement ». Journalisme et blogging « peuvent faire bon ménage », à tel point que cela peut être une « nécessité pour un journaliste d'allier les deux », estime-t-il.
Awa Seydou Traoré, journaliste indépendante diplômée du Cesti et elle aussi blogueuse sur Mondoblog, se sert de son blog pour « donner son opinion », partager son « regard sur le monde ». « Le faits sont sacrés, les commentaires sont libres », rappelle celle qui travaille notamment sur les droits des femmes et les questions de migrations. Elle insiste sur le nécessaire « développement de la formation des journalistes en Mauritanie », où « il n'y a pas encore d'école de journalisme en bonne et dûe forme ». Pour qu'un journalisme de qualité s'installe durablement, il faut que le métier se professionnalise, dit-elle.
Mohamed Diop travaille notamment pour l'agence de presse privée Al-Akhbar, mais aussi pour TV5 Monde et VOA. Il commence par présenter Al-Akhbar, média en français et en arabe qui mène des enquêtes et réussit à maintenir une certaine indépendance vis-à-vis des pressions politiques. Il liste les principaux défis des médias mauritaniens : le manque de journalistes qualifiés, la publicité accaparée par les médias publics, les fonds d'aides publics à la presse privée qui ne sont pas suffisants, ou encore la nécessaire structuration des médias en véritables entreprises de presse.