La fuite, la semaine dernière de deux personnes arrêtées pour trafic de drogue et incarcérées à la maison d’arrêt « COVID » – séjour temporaire, pendant deux semaines, des nouveaux prisonniers pour s’assurer qu’ils ne sont malades – pose le lancinant problème de l’impunité et des complicités à tous les niveaux dont jouissent ces Pablo Escobar locaux. Foultitude de questions : comment expliquer qu’au lieu d’aller directement en prison, après les deux semaines obligatoires de confinement, ces deux veinards soient restés six mois à se la couler douce dans une villa bien aménagée avant de prendre la poudre d’escampette ? Qui a protégé ces deux lascars ? Jusqu’à quel niveau ont-ils bénéficié de complicités ? Pourquoi ne mène-t-on pas une enquête approfondie pour sanctionner les fautifs, quels qu’ils soient, pour que ne se reproduise plus jamais ce genre d’« évasion » rocambolesque ? Au cours de la dernière décennie, la Mauritanie était déjà devenue championne du monde de l‘élargissement sans frais de trafiquants en tout genre. Plusieurs opérations d’envergure au cours desquelles de grandes quantités de drogue avaient été saisies et des trafiquants arrêtés finirent en eau de boudin. Épinglés après plusieurs mois de traque, de célèbres noms n’ont pas fait de vieux os en prison. Cherchez l’erreur.
Ce n’est pas un hasard si l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime cite notre pays parmi ceux par lesquels transite la drogue en provenance du Maroc pour être acheminée en Europe. Cité par le journal français « La Croix », Amado Philip de Andrès, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale de l’ONUDC, tire la sonnette d’alarme :« La situation est hors de contrôle. Profitant de l’effondrement du Sahel, la circulation de la drogue n’a jamais été aussi dynamique sur le continent ». Faut-il s’en inquiéter ou au contraire continuer à faire preuve de laxisme ? Le choix est apparemment fait…
Ahmed Ould Cheikh