?La Russie, facteur décisif dans le conflit Mali-Algérie

Il convient de souligner au départ le changement géopolitique évident qu'a subi l'Algérie depuis le mouvement populaire qu'a connu ce pays il y a quelques années... où le courant nationaliste anti-français dirigé par Mohamed Mediène (le général Toufik) a perdu ses positions au profit de Tebboune et de son entourage proche de la France. La fin de l'ère Toufik coïncide presque avec la fin de l'entente stratégique avec la Russie, cet homme étant connu comme le faiseur de présidents et un obstacle à la France. Son départ a marqué le début d'un refroidissement des relations étroites avec la Russie, même si les accords commerciaux ont continué.

Parmi les conséquences de ce changement, la Russie n'a pas défendu l'Algérie lorsque le Brésil et l'Inde ont refusé son adhésion aux BRICS, et elle n'a pas discuté sa ferme volonté de compenser le gaz russe lorsque celle-ci a coupé ses approvisionnements aux Européens, ce qui a permis à l'Algérie de se porter en tant que remplaçante. Il n'est pas caché que l'Algérie entretient depuis des années une politique de conflit ouvert avec la France tout en ayant une amitié clandestine avec elle, dont la plus exemplaire, comme le disent certains observateurs, est son opposition publique à l'opération Barkhane, suivie d'un soutien secret sur le terrain. 

Son éloignement avec la Russie est également apparent dans son soutien à la position de CEDEAO (Communauté Économique de l'Afrique de l'ouest), soutenue par la France, tandis que la Russie la condamnait. Tout cela, parmi tant d'autres éléments, confirment que l'Algérie n'émet pas sur la même longueur d'onde que la Russie depuis des années, allant même jusqu'à être contrainte de révéler la véritable nature de sa relation avec la France, malgré la position de ce dernier sur la question du Sahara occidental.

 

En revanche, la Russie semble déterminée à établir une compensation avec le Sahel pour un pays oscillant entre le non-alignement et l'allégeance à l'Occident, et qui n'a jamais été aussi docile face aux préoccupations géopolitiques russes. 

La Russie a trouvé au Mali la loyauté d'un ancien allié des temps de Moussa Traoré, et le politicien malien aguerri, Choguel Maïga, étudiant en Russie à l'époque de l'Union soviétique, a pu établir les premiers fondements du nouveau retour du Mali vers son allié traditionnel. Sa période à la tête du gouvernement a été une sorte de transfert du rôle de l'homme de la Russie en Algérie, le général Toufik, vers le Mali, après que le groupe de Tebboune a retiré le tapis de dessous ses pieds pendant le mouvement populaire.

De plus, la position du Burkina Faso, terre de la révolution permanente depuis l'ère Sankara, a ouvert la voie à la Russie, qui rêve d'une bande sud entourant les positions de l'OTAN en Méditerranée, espérant la relier à la mer Rouge. 

 

Elle a donc transféré d'énormes investissements structurels dans la région et s'est engagée pour sa sécurité, apportant même des aides allant jusqu'au domaine nucléaire, ce qui témoigne du sérieux de ses intentions. 

Il ressort de ces éléments, ainsi que d'autres qui ne tiennent pas dans l'espace limité ici, que la position de la Russie est d'ores et déjà en faveur du Mali si le conflit s'intensifie, et que la Russie sera comme l'œuf du pendule qui fera pencher la balance.

خميس, 10/04/2025 - 13:01