La jeune députée du parti islamiste Tawassoul milite en faveur d’une loi pour améliorer le statut des Mauritaniennes. Un combat délicat dans une société très conservatrice.
Elle est de celles qui rompent avec les idées reçues dans un pays où les préjugés l’emportent bien trop souvent. Élue lors des dernières législatives de septembre 2018, la députée Saadani Mint Khaytour, 34 ans, a choisi les rangs très conservateurs du parti islamiste Tawassoulpour défendre les droits des Mauritaniennes. « J’y subis la violence inouïe des autres femmes de la formation », déplore-t-elle.
Après avoir longtemps travaillé et écrit « dans les domaines de l’exclusion et de la marginalisation », elle a rejoint le combat d’Aminetou Mint El Moctar, grande militante en faveur d’une loi sur les violences faites aux femmes.
Lacunes
Ce texte, élaboré en collaboration avec des oulémas et des juristes, est une version modernisée du code du statut personnel organisant la vie de la famille, adopté en 2001 par le président Maaouiya Ould Taya.
La nouvelle loi, qui vient pallier d’immenses lacunes dans le code pénal élaboré sur la base de la charia, a été approuvée par le gouvernement en 2016, mais rejetée à deux reprises par l’Assemblée nationale, en 2017 et en 2018.
Elle prévoit, entre autres, l’aggravation des peines pour viol, la pénalisation du harcèlement sexuel, l’interdiction du mariage aux moins de 18 ans, et consacre l’autorisation pour les Mauritaniennes de voyager sans l’autorisation de leur époux.