En tant qu'ėconomiste, expert en stratėgies de dėveloppement ėconomique et ancien cadre supėrieur de l'ONU, j'ai notė plusieurs contradictions effarantes voire surrėalistes entre le discours à la nation prononcé par le Prėsident de la Rėpublique Mohamed O. Cheikh El Ghazouani le mercredi 02/09/2020 pour annoncer le programme de relance ėconomique "post-Covid-19" (je mets des guillemets car malheureusement le Covid-19 sėvit toujours chez nous et s'enhardit même ailleurs dans le monde mais cela est un autre dėbat, ou presque...) et les propos tenus le lendemain, soit le jeudi 03/09/2020, par son ministre des Affaires ėconomiques Kane Ousmane qui s'exprimait dans une ėmission de la tėlėvision nationale officielle, Al Mouritaniya:
1. Le Prėsident de la Rėpublique a dit dans son discours, en prenant tout le peuple à tėmoin, que ledit programme sera "auto-financė", financé sur les fonds propres de l'Ėtat (le prėsident a employė l'expression : " bi tewilin dhatiyin").
Or, le jour suivant, le ministre de l'ėconomie, M. Kane Ousmane, affirma que le programme sera financė à hauteur d'environ 40% par les partenaires techniques et financiers (PTFs) ėtrangers (entendez les bailleurs de fonds) !
Qui croire donc? Le Prėsident ou le ministre?
2. Le Prėsident Ghazouani à souligné dans son adresse à la nation que le programme sera mis en oeuvre sans prėjudice des autres programmes et projets en cours d'exėcution ! Et le prėsident d'insister même sur ce sujet en prėcisant que "c'est programme nouveau qui sera exėcutė parallèlement (bimouwazatin, en arabe) à ceux dėjà en cours" !
Ce n'est pas ce qu'affirmera quelques heures plus tard le ministre prėcitė puisqu'il soutint que les parties non encore exėcutėes des programmes en cours ont ėtė integrėes dans le nouveau programme de relance !
Le ministre paraissait si sûr de son propos qu'il inisista lui aussi sur ce point en mettant l'accent sur le fait que ce nouveau peogramme "fėdère tous les autres programmes pŕėcėdents: se rapportant au même objet: Ewlewiyati, plan de riposte d'urgence au Covid-19, etc". !
Qui croire alors?
Le Prėsident ou le ministre?
Soubhanallah !
Certes, cet "ėcart" entre les deux dėclarations est en soi choquant et insolite tant sur la forme (cette cacophonie fait dėsordre ) que sur le fond politique même (comment en arriver au point que le prėsident se fasse contredire publiquement par l'un de ses ministres et sur un sujet aussi important) mais sur le plan ėconomique aussi, ce hiatus est loin d'être neutre.
Le fait est que si les bailleurs de fonds apportent les deux cinquièmes du financement du programme, cela nous fonderait à nous demander si les contributions de ces derniers proviendront de ressources additionnelles qu'ils auront mobilisėes auprès de leur siège ou s'il s'agit d'une simple rėaffectation des ressources restantes des programmes de coopėration entre ces PTFs et la Mauritanie qui ėtaient en cours de mise en oeuvre ? S'agirait-il d'argent frais ou de rėvisions budgétaires ? Dans ce dernier cas, il y aurait un simple effet de substitution de nouveaux projets à d'autres qui prėexistaient et alors exit l'effet de relance recherchė !
Si les PTFs co-financent le programme cela voudrait dire qu'ils ont participé à l'amont â sa firmulation ou qu'au moins ils s'approprient le bien-fondé de ce programme (ownership) en ayant testė sa cohėrence avec la philosophie de leur politique d'aide au dėveloppement et surtout qu'ils auront leur mot à dire dans la mise en oeuvre du programme.
Ce serait donc contredire une troisième fois le prėsident puisqu'il avait dėclarė que les nouveaux projets seraient juxtaposės aux anciens et point substituės !
Que de contradictions !
Que Dieu protège la Mauritanie !
J'ai relevé d'autres contradictions dont je pourrais reparler ici, au besoin, mais j'en reste là ce doir pour ne pas surcharger ce post-ci...de contradictions !
Mohamed Ali O. Lemrabott,
Ancien cadre supėrieur de l'ONU,
ėconomiste, expert en stratėgies de dėveloppement ėconomique, professeur intėrimaire d'universitės, chercheur et ėcrivain.