Dans le cadre de sa stratégie de développement du secteur agricole et rural, le ministre Mauritanien de développement rural a supervisé, le 20 Aout, l’opération de distribution de 4000 têtes de caprins. Le but de cette opération est de créer une dynamique économique et d’améliorer le revenu des populations cibles en plus du renforcement de capacités de ces derniers face aux risques d’insécurité alimentaire. La méthode suivie vise à ce que 10 familles les plus précaires de 83 villages ciblés puissent disposer de cinq chèvres chacune. Dans le même sens, il est prévu de créer 143 poulaillers et la construction de 18 petitsbarrages etc.
Cette opération ne peut être que saluée dans sa finalité. Déjà l’appellation du ministère de développement rural, au lieu du ministère de l’Agriculture est originale et pertinente ; du fait que le rural doit être pensé d’une façon inclusive intégrant les autres secteurs : tourisme, artisanat, infrastructures de base, etc. L’évolution aussi de la pensée développementaliste qui,jadis, se basait sur l’omniprésence de l’Etat a changé vers une réflexion plus collective ; c’est l’action publique qui suppose que le développement est une action collective évolutive et durable et exige l’implication de plusieurs acteurs de développement. Parmi ces acteurs, ceux appelés dans les actions de développement les acteurs ciblés, visés etc. Ils sont même le centre de ces actions car ils constituent le moteur réel de toute réussite des programmes et projets de développement.
Cette contribution rapide vise à rappeler que ces projets, si intéressants, peuvent constituer un vrai levier de développement lorsqu’ils sont pensés dans leur dimension inclusive, c’est-à-dire, technique mais et surtout socioéconomique. La dimension sociale et économique est devenue le centre de toute réflexion des projets de développement. La raison est simple, leur réussite est liée à leur appropriation par les acteurs finaux (acteurs cibles). Ainsi, il n’est pas question de choisir à la place de la population « précaire » ; un diagnostic visant au début de faire ressortir leur besoin permet de définir le contenu et le contour des projets. Par la suite, une autre dimension dans ces projets mérite une bonne analyse scientifique, c’est la dimension collective de quelques projets, notamment les poulaillers qui seront envisagés dans le cadre des coopératives. Ici, deux dimensions, entre autres, sont déterminantes dans toute réussite de ces projets. Le projet collectif et celui individuel, en réalité, chaque projet est pensé dans le cadre d’une coopérative mais celle-ci n’est qu’une somme de ces membres, qui n’ont pas d’ailleurs la même vision ni le même projet. Du coup, une analyse de l’action collective dans son contexte socio-économique et culturelle est primordiale.
En bref, la distribution des chèvres, la construction de poulaillers, ….etc. constituent l’une des actions de développement. Elles doivent être pensées dans une démarche participative et intégrée qui inclut surtout la dimension de commercialisation des produits (une des problématiques de l’Agriculture en Afrique). Certes une telle réflexion pourrait constituer une alternative pour le développement du rural mauritanien et contribuer, par la suite, au développement de tout le pays.
Zeine Zein Taleb
Ingénieur d’Etat en Développement et chercheur en sociologie