la "météorite de Chinguetti" depuis 1916 bientôt résolu

Au début du XXe siècle, un fonctionnaire consulaire français du nom de Gaston Ripert aurait identifié une météorite dans le désert mauritanien. Un morceau de roche qu’il a collecté sur place a été ramené en France et examiné par un géologue. Plusieurs expéditions ont été organisées en Afrique, pour tenter de retrouver la supposée météorite. Elles se sont avérées infructueuses, mais trois chercheurs gardent espoir...

 

C’est un mystère qui dure depuis plus d’un siècle. Ceux que la géologie passionne connaissent certainement l’histoire de la météorite de Chinguetti, prétendument mise au jour au début du XXe siècle en Afrique, bien que les faits n’aient jamais pu être vérifiés à ce jour.

Tout a commencé en 1916, lorsque le capitaine Gaston Ripert, un fonctionnaire consulaire français, a affirmé être tombé nez à nez avec une énorme mésosidérite de fer pierreux à environ 45 kilomètres de la ville saharienne de Chinguetti, située en Mauritanie.

Dans son récit, il expliquait avoir identifié "une énorme colline de fer de 40 m de haut et 100 m de long". Cette supposée découverte, il l’aurait faite après avoir été guidé par une personnalité locale, les yeux bandés, vers une source naturelle de fer. Il serait arrivé sur place à l’issue d’une promenade à dos de chameau d’une durée de 12 heures.

Gaston Ripert a mis dans son sac un fragment de roche de 4 kg. Quelques années plus tard, celui-ci est arrivé à Paris, où il a été examiné par le géologue Alfred Lacroix, qui a jugé que cette découverte était importante. Suffisamment pour que de nombreuses expéditions aient été organisées en Mauritanie, afin de mettre la main sur la supposée météorite... mais sans succès.

Néanmoins, cette énigme pourrait prochainement être résolue. C’est en tout cas ce qu’espèrent trois chercheurs britanniques, qui ont publié les conclusions de leur étude sur le site arXiv, dédié aux prépublications scientifiques. Entre les lignes, ils révèlent la façon dont ils comptent s’y prendre pour y parvenir, relate Ars Technica, vendredi 23 février. S’ils y parvenaient, nous devrions savoir, une bonne fois pour toutes, si cette météorite est réelle.
 

 

Des arguments contre l’existence de la météorite...

 

Le trio, composé de Robert Warren, Stephen Warren et Ekaterini Protopapa, affirme avoir identifié les emplacements probables où la météorite se trouverait. Pour ce faire, ils se sont servis d’un modèle numérique d’élévation, dit MNE.

Ils sont également allés jusqu’à effectuer des excursions à dos de chameau pour évaluer la distance que Gaston Ripert aurait parcourue. Pour pouvoir confirmer leurs hypothèses (ils jugent que la météorite pourrait être enfouie sous une dune), ils attendent maintenant d’accéder aux données d’un relevé magnétométrique de la région.

Les spécialistes jugent qu’il y a autant d’arguments en faveur de l’existence de la météorite de Chinguetti que contre. Ils rappellent, notamment, qu’il n’existe à ce jour aucune preuve concernant un possible cratère d’impact. Sur ce point, néanmoins, une étude conduite en 1951 suggérait que ce n’était pas forcément rédhibitoire : cela pourrait se justifier si la trajectoire de vol de la météorite avait été presque tangentielle à la surface de la Terre.
 

La preuve la plus solide contre son existence provient d’une analyse réalisée en 2001, portant sur l’étude des radionucléides du petit échantillon rapporté en France par Gaston Ripert. Ces données ont prouvé que la météorite dont provenait ce fragment ne pouvait pas avoir un diamètre supérieur à 1,6 m, ce qui suggère que le capitaine s’est trompé ou a menti.

 

..et d’autres en sa faveur

 

Jean Bosler, un astronome marseillais, a quant à lui été convaincu de la véracité du discours de Gaston Ripert, après avoir échangé avec lui, rappelle Ars Technica. Un détail, à ses yeux, renforçait sa crédibilité : il assurait avoir trouvé des sortes d’"aiguilles métalliques" dans la météorite.

Il aurait tenté de les briser en les frappant avec le fragment collecté, mais elles se seraient avérées trop ductiles. Or, en 2003, des scientifiques ont découvert que les météorites ferreuses contenaient généralement des pointes riches en nickel qui sont... ductiles. Il est impossible que le fonctionnaire consulaire (ou l’un de ses contemporains) en ait eu connaissance en 1916.

 

أربعاء, 28/02/2024 - 10:54