Le gaz naturel devient une source d’énergie de plus en plus importante au niveau mondial. Il est intéressant d’un point de vue environnemental, on prévoit une croissance rapide de la demande, et l’offre paraît devoir suffire aux besoins pour plusieurs décennies. Néanmoins, son développement se heurte à des difficultés particulières, tout à fait distinctes de celles des projets d’extraction pétrolière, principalement du fait qu’il dépend étroitement d’une infrastructure de transport coûteuse, mais aussi en raison de l’absence de prix de marché général.
La nature de la production de gaz, outre ses conséquences économiques, présente des difficultés particulières pour l’établissement d’un régime budgétaire transparent. Le gaz naturel, qui peut être présent avec le pétrole brut dans la roche-réservoir, est transporté par gazoduc ou, sur de plus grandes distances, par navire-méthanier sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). L’application de la technologie GTL («gas-to-liquids», c’est-à-dire production de distillats à partir du gaz par synthèse de Fischer-Tropsch) est de plus en plus considérée comme une alternative viable au GNL pour le transport du gaz sur de longues distances. Les contrats de livraison de GNL soulèvent des considérations différentes de celles des contrats de livraison de gaz par gazoduc, dont les droits de transit font souvent l’objet de négociations multilatérales. En outre, la chaîne du contrat GNL (production et liquéfaction, transport et réception au terminal) peut être décomposée en segments indépendants, ce qui permet au financement de s’effectuer de manière modulaire. Dans le contexte des économies de marché développées d’Amérique du Nord et d’Europe, la déréglementation a visé, avec un certain succès, à encourager la concurrence sur chaque segment de la chaîne du contrat gazier et à accroître le commerce de gaz, ce qui a abouti à des prix du gaz plus bas en général mais aussi plus instables. Une grande partie des réserves mondiales de gaz naturel sont considérées inexploitables car leur éloignement, le coût élevé du transport et des risques politiques souvent élevés rendent leur exploitation commerciale non rentable. Cependant, les perspectives d’exploitation commerciale de ces ressources «inexploitables» s’améliorent avec la hausse des prix du gaz et les progrès technologiques qui abaissent progressivement le coût des installations de GNL et de GTL. L’emplacement des gisements, l’importance et le caractère concentré des investissements et l’interdépendance des segments de la chaîne du contrat (par exemple, sauf pour les très grandes compagnies, l’exécution d’un contrat de production n’est pas certaine tant qu’un accord de transport par navire n’a pas été conclu), tendent à créer un environnement qui favorise les accords négociés plutôt qu’une passation concurrentielle des marchés. Lorsque la consommation intérieure est un élément important des projets de gaz naturel, les prix du gaz à la consommation devraient être établis sur la base au moins du recouvrement des coûts — et de préférence liés aux prix internationaux. Sinon, les subventions quasi budgétaires à l’utilisation du gaz naturel vont masquer l’activité de l’État, fausser la demande d’énergie et limiter l’intérêt de la ressource pour les investisseurs du secteur privé.