UPR: Le Parti change de main

L’UPR a tenu son congrès les 28 et 29 décembre. Il a élu ses instances dirigeantes. Ce congrès consacre la rupture d’avec le fondateur du parti, Aziz, et la conscration de son successeur, Ghazouani.

Le nouveau palais des Congrès situé sur la route du nouvel aéroport. Samedi (28 décembre), tôt le matin, le lieu, d’habitude désert, est pris d’assaut par des centaines d’individus venus de tous les coins du pays assister au congrès du parti-Etat. 

Presque les mêmes qui étaient présents à tous les congrès des ‘’partis officiels’’ depuis l’avènement de la République. Il y avait surtout, cette fois-ci, les derniers soutiens de l’ancien président Aziz et les fervents adeptes du troisième mandat qui se sont déplacés ce jour-là pour ‘’tuer’’ Aziz et applaudir son ‘’tueur’’.

Le parti de ‘’tous les pouvoirs’’ se réunit donc pour élire une nouvelle direction fidèle au nouveau président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et consacrer, sans états d’âme, la mise à l'écart de la scène politique de son prédécesseur anciennement tout puissant, Mohamed Ould Abdel Aziz. C’est comme ça la vie au sommet de notre Etat…

Le congrès s'est ouvert la mi-journée, en présence de plus de 2.200 délégués venus de toutes les régions du pays. Quelques autres dirigeants et cadres de partis, d’initiatives et de groupes politiques qui avaient soutenu Ghazouani pendant la campagne présidentielle et qui ont décidé de le rejoindre à l’UPR, étaient présents pour attester leur attachement au président et pour, certainement, récupérer leurs parts du gâteau UPR en train d’être distribué aux fidèles… 

En réalité les congressistes, sensés être élus par la base, savent qu’ils ne viennent pas pour discuter ni débattre les principes et les choix du parti. Ils sont plutôt convoqués pour entériner et applaudir des décisions déjà prises. Et parmi ces décisions, il y avait la désignation d’un président pour l’UPR ou plutôt l’acclamation du nom qui sera présenté aux figurants : les délégués.

En début de soirée, le nom du président du parti est annoncé : Sidi Mohamed Ould Taleb Amar, actuel directeur général de la société de l’eau : SNDE. Issu du grand ensemble tribal Mechdhouf, cet ingénieur fut ministre et ambassadeur. Même s’il a eu pendant sa jeunesse des penchants nasséristes, l’homme n’était pas très engagé en politique. Juste un cadre comme la majorité des cadres du pays qui s’engagent du côté des régimes pour se faire nommer et protéger leurs fonctions.

Pourquoi a-t-il été choisi à ce poste si convoité ? Ses origines tribales ont certainement pesé en sa faveur. Mais il y a aussi la volonté du président Ghazouani d’avoir à la tête de l’UPR une personne pour lui, qui n’a d’autre appui que lui et qui, surtout, étant fabriqué du néant, va lui obéir religieusement…

Officiellement, ce sont les membres du Conseil national qui ont choisi Ould Taleb Amar à La tête de l’UPR. Cette instance est composée de 333 membres élus et autant de membres de droits. C'est-à-dire plus de cinq cents personnes qui ne sont pas désignés pour se réunir mais plutôt pour faire la place à tout le monde, donner à tout le monde l’illusion d’être représenté et éviter de mécontenter au moment où l’ancien président est toujours en embuscade, lui qui n’aurait pas entièrement baissé les bras.

A côté du président du parti, le Conseil national de l’UPR, a choisi cinq vice présidents : Salka Mint Yemar, issu de l’ensemble haratine, chargée de mission à la présidence, ancien ministre et ancien ambassadeur ;

Mohamed Yahya Ould Horma, personnalité haut en couleur de la rectification de 2008, ce notable de l’Inchiri est entré en disgrâce depuis quelques années. Il reprend maintenant du service aidé par l’intervention en sa faveurd’un proche de Ghazouani ;

Jinda Bal, ancien ministre, elle semble représenter la communauté négro-africaine au sein de la direction de l’UPR;

Yahya Ould Waghf, ancien président du parti Adil, il est récompensé pour le soutien de son parti à la candidature de Ghazouani et son intégration à l’UPR ;

Khalil Ould Teyeb, l’auteur de la fameuse formule ‘’Ghazouani référence de l’UPR’’ qui a provoqué tous les remous au sein de ce parti, il est récompensé pour les services rendus ;

A part le président de l’UPR, tout le reste de la nouvelle direction du parti-Etat était déjà présent sur la scène politique et soutenait, à une exception près, le régime Aziz. Il n’y a donc rien à attendre par rapport au changement : un exécutif qui continue de contrôler le parti. Et non le contraire comme c’est le cas dans les situations normales. On peut dire sans risque de se tromper que l’UPR a tout simplement changé de main ou de maitre et continue d’être un ‘’machin’’ dont le rôle est de rassembler le ‘’troupeau’’ et gagner les élections…

 

 

 

ثلاثاء, 31/12/2019 - 11:56