Dans une interview exclusive qu’il vient d’accorder au Calame et qui parait ce mercredi 11 décembre, le président d’APP, Messaoud Ould Boulkheir se défoule. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans cette sortie, qui intervient en pleine tension entre l’ancien et le nouveau président de la République, deux amis de longue date, par l’UPR interposée, Messaoud Ould Boulkheir, avec son franc-parler habituel, ne rate personne, distribuant des coups à tous les camps politiques. Même Ghazwani qu’il a choisi de soutenir, en prend pour son grade.
Dans cette très longue interview, le président Messaoud aborde sans détours et parfois sans gants, le « spectacle piteux » de l’UPR, tendant à détourner les mauritaniens de l’essentiel à savoir, l’avenir de la Mauritanie, ses attentes par rapport au dialogue qui devrait, selon lui permettre de remettre à plat toutes les questions nationales : démocratie, justice, égalité, répartition équitable des ressources, unité nationale, esclavage et passif humanitaire, car pour Ould Boulkheir, si le pays est resté à l’abri des soubresauts, c’est grâce aux dialogues politiques dans lesquels il s’est fortement investi. Il regrette cependant que ses collègues de l’opposition dite « radicale » n’aient pas accepté d’y aller, indiquant en même temps que la rupture est consommée avec celle-ci depuis sa rencontre avec ses leaders dans sa maison de retraite, à Tivirit, en 2016.
Ould Boulkeir donne également son avis sur l’audit réclamée par certains des dix ans de gestion d’Ould Abdel Aziz, sur également la création de la nouvelle agence de lutte contre la pauvreté, et répond avec force ceux qui trouvent qu’il s’est «embourgeoisé et notabilisé », d’avoir presque abandonné la lutte pour l’émancipation de la composante Haratine, d’ignorer le Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratines, d’avoir fait trop pour Ould Abdel Aziz… Il donne avis sur les revendications des ayants droit, les veuves, orphelins et rescapés du passif humanitaire rappelant que son parti en avait fait l’une de ses principales priorités avant de voir les intéressés se détourner d’eux. Enfin il évoque le Conseil Economique Social et Environnemental qu’il préside et dont le rôle ne se limite pour l’instant qu’à offrir des salaires et indemnités à ses employés et la tenue très prochaine du congrès de l’APP.