Il y a la France de gauche et la France de droite. C’est tout un éventail politico-philosophique où l’on va d’un extrême à l’autre en passant par le centre. Si, en ce qui concerne les Africains, les forces conservatrices sont colonialistes dans l’âme, par contre les forces de progrès ne le sont pas ou le sont modérément. Le débat en France sur l’immigration et les positions divergentes des deux camps sur cette question illustre de manière indirecte les convictions des uns et des autres par rapport au passé colonial et la meilleure façon de gérer ses séquelles.
Quand la droite arrive au pouvoir, la législation sur l’immigration se durcit, et quand c’est la gauche, elle s’assouplit. De même pour la France-Afrique, cet artifice néocolonial et ce paternalisme français évident, elle prend de la vigueur avec les Gaullistes et leurs semblables, et elle diminue d’intensité avec ceux qui sont à l’aile gauche de l’échiquier politique français.
Aujourd’hui, Macron est aux commandes, il est donc normal que la politique étrangère française en Afrique « se droitise » et se corse au grand dam d’une élite africaine de gauche en rébellion ouverte contre l’ordre colonial qui se pérennise.
Pour autant, il n’existe pas de sentiments anti-français en Afrique, mais une diversité d’opinion comme en France, et un décalage philosophique entre les partisans, ici et là-bas, du paternalisme français, à la place duquel les enragés (mais culottés) souhaitent un partenariat Nord-Sud poussé à l’image du Commonwealth. Pour les extravertis nationaux, l’Histoire a un sens quand ils le veulent et est dénuée de tout intérêt sémantique quand ils le veulent aussi.
Avec 60 ans de colonisation française, ils vous parlent de liens historiques avec la France, de la légitimité de son influence et de l’indiscutable ancrage de notre pays au sein de l’espace francophone.
Mais, avec plus de 1000 ans de rencontre, de cohabitation et d’histoire commune entre nos différentes composantes ethniques, ils vous expliquent que les évènements passés n’ont pas de poids, n’ont aucun impact sur l’homme mauritanien et que les éléments objectifs de rapprochement culturel sont nuls et s’ils ne le sont pas, ils ne doivent pas compter dans une dynamique positive de brassage et de communion. Ce qui signifie à peu près ceci : il faut combattre l’assimilation à l’interne et promouvoir l’aliénation à l’externe. En d’autres termes, nos liens avec l’ancienne puissance coloniale justifient, tout naturellement, une communauté de destin dont l’usage du français constitue la pierre angulaire ; tandis que notre histoire commune, à nous Mauritaniens, nos liens de parenté, notre proximité culturelle et civilisationnelle ne justifient que la zizanie !
Les arguments pensés mais tus sont : nous appartenons à des ethnies différentes, par la couleur et par la culture, et nous n’avons pas les mêmes langues maternelles. C’est exactement le cas avec les Français, non ? !