À quoi le métissage et les liens de parenté interethnique sont-ils utiles

Certains généalogistes négro-mauritaniens font souvent référence aux multiples cas de métissage qui ont eu lieu au fil du temps entre les différentes composantes de la société mauritanienne. Ils ont tout à fait raison de dire aux Mauritaniens, dans leur diversité, que les liens sanguins sont inéluctables dans un vivre ensemble plusieurs fois séculaire, peu importe la nature endogamique des groupes en présence. 
Les exemples de métissages entre Arabo-Mauritaniens et Négro-Mauritaniens, qu'ils soient anciens ou récents, sont nombreux, et il serait peu pratique de les énumérer ici. 
Toutefois, il est important de souligner que de nombreuses familles noires sont devenues arabes, et vice versa.
Le cas des Harratines est encore plus évident, car ils font partie de la même ethnie arabo-mauritanienne, de la même manière que les Rimaïbé et les Maccubé sont peuls.
 En fait, dans la culture maure, les Harratines sont désignées sous le surnom des oncles, et ce n'est pas un hasard. En effet, des émirs, des cheikhs, ainsi que de nombreuses personnalités et familles, allant de l'aristocratie à la base populaire, sont issus de croisements. On pourrait même affirmer qu'il n'y a pas de famille beïdane sans la présence d'une grand-mère harratine, ou presque. 
En ce sens, de nombreuses familles harratines sont devenues beïdanes, tout comme il y a des Harratines de teint clair chez certaines tribus, parce qu'ils sont issus d’anciens captifs portugais et européens. Ce qui signifie que la couleur de peau n'explique pas tout. Sinon, l’émir Abderrahmane Ould Soueid'Ahmed serait un harratine.
L'ensemble de ces facteurs conjugués aurait pu favoriser l'établissement d'une société parente et fraternelle, mais le communautarisme politique survenu après l’indépendance nationale a compromis ce potentiel positif pour lui substituer des replis identitaires clivants. Et à présent, l'État est considéré comme un bien successoral en vertu d'une règle de quotité communautaire.
Triste réalité. À mesure que le communautarisme progresse, la République recule, et la cohésion nationale est compromise.
Au départ, on cherchait à imposer à la République une division entre Arabo-Mauritaniens et Négro-Mauritaniens, dans une perspective de partage à moitié-moitié. De nos jours, les groupes identitaires se multiplient dans le but d’être servis. Les Harratines aspirent à devenir une communauté distincte. Les nationalistes pulaars inventent de manière fictive une ethnie bambara mauritanienne. Dans cette direction, il est fort probable que des entités nouvelles émergent, comme les Nmadis, les Imraguen, les Harratines de l’est et ceux du sud-ouest, les Marabouts, les guerriers, et tous les autres groupes sociaux. Tout en gardant à l'esprit un clivage déjà présent, à la fois dans les mentalités et dans l'administration publique, entre francophones et arabophones. 
Donc, si le métissage et les liens de parenté interethnique ne sont pas mis en œuvre pour encourager l'intégration nationale, ils ne seraient qu’une question d'intérêt scientifique pour les anthropologues. Disons une lettre morte pour nous autres.

Ely Ould Sneiba
Le 28 mai 2025

أربعاء, 28/05/2025 - 13:41