La CEDEAO n’est pas culturelle

La crise sénégalo-mauritanienne avait éclaté en avril 1989. Un peu moins d’une année auparavant s’est tenu à Zéralda, en Algérie, le sommet maghrébin au cours duquel il a été décidé de réaliser l’Union entre les Cinq États du Maghreb. Le 17 février 1989, soit moins de deux mois avant le conflit entre la Mauritanie et le Sénégal, le Traité constitutif de l’Union du Maghreb Arabe est signé à Marrakech.

L’État mauritanien ne trouvant plus son compte avec les États ouest-africains consécutivement au conflit qui l’a opposé à son voisin sénégalais, claque la porte de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 2000 pour se tourner vers l’UMA, un autre espace économique.

De manière générale la coopération entre la Mauritanie et les pays arabes n’est pas strictement mercantile, l’arabité y joue un rôle essentiel ; l’Algérie, la Libye, le Maroc et la Tunisie ont toujours aidé leurs frères mauritaniens dans divers domaines : bourses de formation pour les étudiants, contrats de travail pour les diplômés, relations commerciales bénéfiques, en plus des échanges culturels ; et au niveau gouvernemental, c’est une aide au développement dépassant les calculs pécuniaires habituels. Concernant les autres pays arabes à leur tête l’Arabie Saoudite suivie des Émirats Arabes-Unis, du Qatar, du Koweït, etc., Bilad Chinguitt formule sa requête et le financement suit.

Par contre avec les pays de la CEDEAO, il s’agit plutôt du libre commerce où le secteur informel est le plus loti, côté mauritanien en tout cas.

La sortie de la Mauritanie de la CEDEAO fut une « aubaine » aussi bien pour les FLAM que pour les Nationalistes négro-mauritaniens ; leur propagande anti-maure trouve ainsi un nouvel élément illustrant le caractère raciste de leur pays.

Les uns et les autres feignent d’oublier que leur pays « raciste » était sorti aussi de la zone franc CFA en 1973, et avait créé sa monnaie nationale : l’ouguiya, un « attribut essentiel de souveraineté, grâce au concours fraternel de l’Algérie. Le président Moktar dit à ce sujet : « la création de notre monnaie nationale et la mise en place de notre Banque centrale n’auraient pas été possibles dans d’aussi bonnes conditions sans l’aide inestimable des autorités algériennes ».  Ould Daddah avait pris cette décision puisque qu’il ne voyait plus l’intérêt du franc des Colonies françaises d’Afrique. Bizarrement, il fallut quarante-sept ans pour que les dirigeants africains prennent conscience de cette question. Aujourd’hui, le CFA fait l’objet d’un rejet populaire ouest-africain unanime qui sera concrétisé dans un futur proche par la naissance par césarienne de l’ECO, ce bébé hybride, mal aimé, plus français qu’africain.

Les chantres de la négritude voudraient aussi ignorer que la CEDEAO est une organisation économique et non culturelle. Même ses langues officielles sont non africaines, européennes, bien sûr, il s’agit de l’anglais et du français.

Enfin, le Royaume du Maroc a fait depuis 2017 sa demande d’adhésion à la CEDEAO. Les ethnocentristes poulo-toucouleurs ont salué sa démarche sans rien comprendre aux objectifs stratégiques des Marocains. Ils croient que c’est pour changer d’ancrage culturel. Il convient de leur dire que le Maroc y va pour gagner. Il a fait preuve d’intelligence économique, car son industrie légère et même lourde est des plus performantes d’Afrique et il a besoin d’un marché comme celui de la CEDEAO où il pourra trouver un débouché favorable à ses produits et ses services. Le Maroc est aussi la porte de l’Afrique sur l’Europe, c’est un atout non négligeable, la CEDEAO, lui donnera une importance stratégique supplémentaire. Enfin, le Royaume chérifien est un pays touristique et toute ouverture lui sera bénéfique.

Quant à la Mauritanie qui se trouve entre le Maroc et l’Afrique de l’ouest, elle a maintenant l’opportunité de revoir sa position par rapport à la CEDEAO. Avec une nouvelle configuration économique sous régionale incluant le Maroc dans le marché commun et avec son espace géostratégique, son rôle de trait d’union prendra tout son sens et toute son efficacité économique.

Et il y a l’Organisation de la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) qui blanchit la Mauritanie. La sortie en 2000 de la Mauritanie de la CEDEAO a servi d’argument aux chasseurs en eaux troubles pour jaser sur son compte et la présenter comme un État raciste qui ne supporte pas de se joindre à ses voisins à cause d’un simple contraste de couleurs, une légère coloration, plus basanée que lactée.

C’est purement fantaisiste, la Mauritanie, « terre des hommes » et des rencontres interculturelles, est bien chez elle en Afrique de l’ouest.

Heureusement, l’Organisation de la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (l’OMVS) est bien là pour le prouver. Fondée en 1972 par le Mali, la Mauritanie et le Sénégal et élargie à la Guinée par la suite, ce bel exemple d’intégration sous-régionale reste la preuve éloquente de l’ancrage ouest-africain du pays « des hommes bleus » et de toute la mosaïque nationale.

La Mauritanie n’a jamais quitté l’OMVS et la Guinée, le Mali et le Sénégal sont des pays négro-africains.

 

Mauritanie : vous avez dit vivre ensemble ?

ثلاثاء, 04/05/2021 - 10:26