La poussée communautariste

Quelques années avant que la Mauritanie ne soit indépendante, des partis communautaires ont émergé, tels que le Bloc Démocratique du Grogol et l'Union générale des Originaires de la Vallée du Fleuve. Des Foutanké, pour l'essentiel, inquiétés par la perspective de vivre dans un futur État non négro-africain, qui va les séparer administrativement du Fouta sénégalais, une séparation que le fleuve fait déjà de manière naturelle. 
Il était clair pour les Foutanké que vivre dans un pays tout en ayant l'esprit ailleurs, dans un autre, et prendre la Mauritanie pour le Sénégal, et le Sénégal pour la Mauritanie étaient des défis majeurs.
 Plutôt que de se conformer au modèle républicain traditionnel, les Mauritaniens du Fouta ont manifesté leur préférence pour un autre type d'État, axé sur l'ethnicité plutôt que sur la citoyenneté.    
Et au fur et à mesure que le nouveau-né grandissait, le communautarisme racial se renforçait au sein de la République, compromettant les chances de voir émerger une nation intégrée, que les palliatifs administrés par les différents régimes n'aient jamais pu concrétiser dans les faits. 
Qui n’avance pas, recule, n’est-ce pas ?
Par un mécanisme de contagion intentionnelle, un groupe de Harratines a rompu avec les Maures, qui sont les descendants des anciens esclavagistes, et a évoqué l’émergence une nouvelle communauté d'ascendance négro-africaine assujettie : les Harratines d'IRA et du parti RAG.
 Il est à noter, au passage, que RAG, en hassanya, se traduit par ring, allusion à la boxe, la violence physique pour mettre les Beïdanes ‘’Knock out’’, ou, à défaut, s’arracher une bonne part du patrimoine national au nom de cette nouvelle communauté.
C'est vraiment regrettable, tout pays, quel qu'il soit, qui suit cette voie, finira inévitablement mal. Et ce n'est pas la violence verbale et les menaces constantes du leader du mouvement communautariste 'IRA' qui permettent d'envisager une marche apaisée, main dans la main, des Mauritaniens vers des lendemains meilleurs.
Les 'Nous' et les 'Vous', lorsqu'ils sont utilisés dans le discours politique, finissent toujours par semer la discorde et bloquer la communication. Pis encore, si ce ne sont que des insultes et des encouragements à la haine qui sont proférées, cela finira inévitablement par tourner au drame.
Une belle perspective pour les nationalistes pulaars, qui avaient déclenché plusieurs conflits interethniques, qui pourraient à l'avenir neutraliser un bataillon harratine au nom de la communauté de couleur et de destin, voire le retourner contre les Maures dans une confrontation violente. 
La République est morte, vive la République !

Ely Ould Sneiba
Le 16 juin 2025

اثنين, 16/06/2025 - 12:58