
Quelques temps après la chute de l'ancien régime en 2005, le porte-parole du Front de Libération des Africains de Mauritanie (FLAM), un mouvement ultranationaliste peul, a accordé une interview à FLAMNET, où il a déclaré que son Front, avec l'appui du gouvernement sénégalais, avait eu la possibilité de changer la donne de manière radicale en Mauritanie. D'après ses dires, Jean Collin, un Toubab hostile envers les Naars, ministre de l'Intérieur du Sénégal, avait travaillé en étroite collaboration avec les FLAM pour mettre un terme au système beïdane, sauf que les FLAM avaient favorisé le changement pacifique plutôt que la lutte armée.
C’était une décision sage. En dépit de sa composante pulaar, le Sénégal ne devrait en aucun cas s'immiscer dans les affaires ethniques d'un État voisin qui est à la fois frère et ami.
Pour l’histoire, il est à souligner que la détermination du président Maawiya et la vaillance de son ministre de l'Intérieur, le colonel Jibril Ould Abdallah, ont été des éléments déterminants dans cette décision, ainsi que le soutien sans faille du président irakien Saddam Hussein envers ses frères Mauritaniens.
Mais, au-delà des manigances des ultranationalistes pulaars et de leur fanatisme ethnique, qu'a-t-on fait subir aux Peuls de Mauritanie pour qu’ils agissent ainsi ?
Les Maures sont haïs et traités de racistes en raison de leur refus d'établir un pouvoir bicéphale avec les Peuls.
Ils ont raison. Le confessionalisme ethnique n’est pas un système de gouvernement démocratique, et aucun État n'est contraint sur le plan politique et moral de le mettre en œuvre.
Aussi, on reproche à l’État mauritanien de ne pas enseigner et d'officialiser la langue peule. D'accord, mais aucun des États où vivent les Peuls n'enseigne ou n'officialise cette langue.
Autre accusation : la langue arabe est utilisée pour réprimer la culture peule et prendre le contrôle des Pulaars.
Là aussi, le reproche est insoutenable. Les Pulaars sont passionnés par la langue française et ne sont en aucun cas assimilés aux Français. Au contraire, l'identité culturelle des Peuls est préservée et respectée. D'un autre côté, historiquement, l'arabe a toujours été la langue d’ouverture des Foutanké, ce qui ne remet pas en question leur aspiration légitime à une renaissance culturelle. Seulement, pourquoi commencer par la Mauritanie, là où il y a le moins de Peuls par rapport à la Guinée, au Sénégal, au Mali, etc. ?
En ce qui concerne la domination, il est important de se souvenir de ceci :
Les Maures contrôlaient leur territoire depuis au moins un millénaire, sauf pendant une trentaine d'années de colonisation superficielle française qui n'avait rien altéré à l’ancrage arabe des Maures. Devraient-ils l’abandonner entièrement ou partiellement à une autre ethnie refusant de s'intégrer dans un projet national commun, à moins que ses conditions ethnocentriques ne soient remplies ?
Qui n'a pas de langue maternelle et qui n'a pas d'origine ethnique ?
Justement, l'objectif principal du système républicain est d'éviter les divisions ethniques, communautaires et raciales, pour que triomphe l'égalité citoyenne.
Ely Ould Sneiba
Le 23 mai 2025