Un projet de 'bantoustanisation' en marche

Ceux qui persistent à vouloir imposer l'officialisation du pulaar sont les plus hostiles à la langue arabe, alors que la plupart d'entre eux ont fréquenté l'école mauritanienne, où l'arabe est enseigné depuis la colonisation française, sans jamais daigner l’apprendre ou même admettre son caractère officiel, lui préférant irrémédiablement celle de leurs ancêtres ‘’Gaulois’’. 
Même après plusieurs décennies de boycott, leur position demeure inchangée, se permettant de manière audacieuse de nous parler aujourd'hui des avantages du pluralisme linguistique officiel.
Mais les Mauritaniens avertis comprennent pourquoi les nationalistes pulaars reviennent à la charge, et leur rappellent en retour que l'uniformisation linguistique est la norme, et que le plurilinguisme est une exception.
En premier lieu, parlons de la situation linguistique dans les pays de la CEDEAO. Parmi les quinze pays de l'Organisation ouest-africaine aucun n’officialise les langues négro-africaines.
Passons ensuite à l'Afrique du Nord. Il n'y a que le Maroc et l'Algérie qui ont deux langues officielles, l'arabe et le berbère, mais tous les habitants de ces deux pays parlent l'arabe populaire.
Faisons maintenant un tour en Europe pour voir le cas suisse et belge. La Confédération helvétique utilise l'allemand, le français, l'italien et le romanche car ces régions sont liées historiquement, culturellement et parfois territorialement avec les pays voisins.
C'est pareil pour la Belgique, qui est également une fédération avec trois appartenances de ce type entre la France, les Pays-Bas et l'Allemagne.
En plus, aucun plurilinguisme officiel n'est en vigueur dans les grands pays tels que les États-Unis, la Chine, la Russie, la France et le Royaume-Uni, etc.
En ignorant cette réalité presque planétaire, et si la Mauritanie instaurait une exception qui n'existe nulle part dans les pays de l'OMVS, ni en Guinée, ni au Mali, ni au Sénégal, est-ce que cela assurerait l'intercompréhension entre ses différentes ethnies, alors qu'une langue officielle unique n'a réussi à le faire ?
D'un autre côté, si un ethniciste peul rejette l'utilisation de la langue arabe, il le ferait encore plus lorsque sa langue maternelle deviendrait officielle. 
Légitimité contre légitimité, et légalité contre légalité. Et le droit qui régit les rapports interethniques ne serait plus en mesure de résoudre le blocage.
De toute évidence, l'officialisation des langues nationales est un projet de 'bantoustanisation' clivant et potentiellement désintégrant que les patriotes non chauvins doivent nécessairement saborder pour sauver l’unité nationale.

Ely Ould Sneiba

ثلاثاء, 29/04/2025 - 18:20