Le grand nombre de banques familiales en Mauritanie rend le secteur bancaire inefficace

Le Fonds monétaire international a jugé que le secteur financier mauritanien est largement dominé par les institutions bancaires, tandis que les marchés financiers sont faiblement développés. Bien que le nombre de banques soit relativement élevé et en augmentation, l'intermédiation financière reste faible. Le secteur bancaire, bien qu’il soit très rentable, n’a pas réussi à développer et à accéder aux services financiers, ce qui limite sa contribution à la croissance économique et à l'inclusion. La domination des banques familiales, le manque de confiance, la mauvaise gouvernance et l’insuffisance des institutions sont les principaux facteurs derrière ces résultats décevants.

 

Dans son évaluation de la situation financière en Mauritanie en 2024, le fonds a indiqué que le faible niveau d'inclusion financière en Mauritanie reflète un accès insuffisant aux services bancaires de base. Le classement de la Mauritanie dans l'indice d'accès aux institutions financières, qui mesure le nombre d'agences bancaires et de distributeurs automatiques de billets par 100 000 personnes, est parmi les plus bas de la région. Cela souligne les difficultés rencontrées par de nombreux Mauritaniens pour accéder aux services financiers traditionnels.

 

Le rapport a énuméré plusieurs facteurs qui entravent l'intermédiation bancaire et le développement financier en Mauritanie, notamment :

 

• Manque de confiance : Dans le contexte d'un manque de confiance répandu dans l'économie et de l'absence d'institutions pour y remédier, les individus et les familles, qui jouent un rôle important dans l'économie, préfèrent gérer leurs propres banques plutôt que de travailler avec des banques universelles. Cela a abouti à un secteur bancaire inefficace en Mauritanie, caractérisé par la présence de banques familiales ou d'institutions liées à des conglomérats avec des pratiques de prêt entre parties apparentées. Cette situation impacte négativement l'efficacité de l'intermédiation financière et limite la capacité du secteur bancaire à soutenir la croissance économique en général. 

• Gouvernance : Une gouvernance faible, en particulier lorsque des intérêts familiaux dominent, peut orienter les prêts vers certains secteurs ou entreprises. Cette pratique affecte l'offre de crédit dans toute l'économie. Une gouvernance transparente et équitable au sein du secteur bancaire en Mauritanie est nécessaire pour améliorer l'intermédiation financière.

• Facteurs structurels : L'absence de supervision bancaire efficace pour l'application des normes prudentielles et l'absence d'autres institutions disciplinaires telles que les centres de risques, les registres de crédit, les droits des créanciers et des systèmes d'information solides pour soutenir l'intermédiation financière constituent de grands obstacles. Ces outils sont nécessaires pour évaluer la solvabilité des emprunteurs et gérer les risques associés aux prêts et à l'emprunt. Leur faiblesse, voire leur absence, rend difficile pour les banques d'accorder des crédits avec confiance et à un large éventail de clients, surtout en Mauritanie où le manque de confiance est répandu.

Ces questions limitent à leur tour les services financiers appropriés et compétitifs, et entraînent une intermédiation et une fusion financière insuffisantes. 

La faiblesse ou l'absence d'institutions de base telles que les centres de risque et des systèmes d'information robustes complique davantage ces difficultés et étouffe la concurrence, où un petit nombre d'acteurs dominants détient une part importante du marché, restreignant ainsi l'entrée et la croissance de nouvelles institutions pouvant offrir une intermédiation plus efficace.

 

Le FMI a proposé pour résoudre certaines de ces problématiques majeures de réduire le nombre de banques, car des banques plus grandes et plus stables pourraient favoriser le développement financier. Plus le ratio de concentration des actifs au sein des grandes banques est élevé, plus le niveau de crédit au secteur privé est relativement important, et donc, la présence de moins de banques mais plus grandes, stables ou inclusives est liée à une meilleure intermédiation financière.

أحد, 13/04/2025 - 12:52