Il est temps de repenser notre rapport à l’investissement en Mauritanie

Aujourd’hui, une grande partie de l’épargne nationale est immobilisée dans le foncier. Acheter des terrains est devenu le réflexe quasi automatique de nombreux Mauritaniens. C’est perçu comme un placement sûr, une réserve de valeur. Mais cette stratégie collective d’épargne foncière soulève une vraie question : contribue-t-elle à la création de richesses pour notre pays?

La réalité est claire : ce type d’investissement ne crée ni emplois, ni activité économique. Il n’alimente ni la production nationale, ni l’innovation, ni l’export. L’argent est figé. Il ne circule pas. Il ne travaille pas pour l’économie.

Pire encore, cette ruée vers le foncier a engendré une spéculation massive et des prix du terrain devenus tout simplement exorbitants. Dans certaines zones de Nouakchott, comme Soukouk ou Tevragh Zeina, les prix ont été multipliés par dix en quelques années, sans aucune logique économique ni justification structurelle. Cette bulle artificielle freine l’accès au logement, décourage les investissements productifs et capte une part énorme de notre richesse nationale pour un rendement social quasi nul.

Et pendant ce temps, les entreprises qui créent réellement de la valeur sont  taxées, pendant que l’épargne foncière, souvent spéculative, échappe à toute fiscalité.

C’est une anomalie fiscale et économique.

J’invite donc les autorités publiques à mettre en place une loi ambitieuse, qui encadre cette épargne non productive, instaure une fiscalité foncière équitable, et oriente davantage le capital national vers les secteurs stratégiques de notre développement.

 

Dehah Hemody

سبت, 12/04/2025 - 08:39