
Avant de délivrer un satisfécit démocratique à un militant négro-mauritanien, posez-lui les questions qui ont toujours divisé les Mauritaniens, et vous comprendrez par vous-même.
La Mauritanie est-elle un État arabe ?
Sans aucune hésitation, le nationaliste négro-mauritanien va répondre : Non, elle est arabe et noire africaine, et elle doit être un État binational.
Êtes-vous en faveur de l'arabe comme langue officielle exclusive ?
Il va réaffirmer : Oui, mais il est impératif d'officialiser en même temps les langues peule, soninké et wolof.
Le leadership national, doit-il être unifié ou bien partagé équitablement entre les deux communautés ?
Sans hésiter, il va répliquer : "Nous appuyons l'égalité ethnique et la création d'un communautarisme racial, c'est-à-dire un gouvernement bicéphale ou un gouvernement racialement assumé en alternance.
En se basant sur ces réponses réitérées depuis Aleg 1958 jusqu'à nos jours, même après la rencontre de Tocomadji, on ne peut affirmer autre chose que la nature egocentrique du courant politique nationaliste négro-mauritanien.
Donc, si un nationaliste pulaar prétend, avec un ethnicisme non contrôlé, que le dialogue est salutaire et éminemment vital, c'est qu'il compte mettre à profit cette opportunité pour, croit-t-il, réinventer la République. En d'autres termes, créer les conditions adéquates pour recommander des réformes constitutionnelles à caractère ethnico-racial, plutôt que de vouloir renforcer les acquis démocratiques et les valeurs républicaines.
Cela étant dit, Tocomadji était le théâtre d'une alliance entre les nationalistes arabes et négro-africains pour faire front commun et promouvoir une plateforme revendicative commune. Cependant, à l'heure actuelle, les uns et les autres sont restés fidèles à leurs convictions nationalistes qui ne sont pas compatibles, voire diamétralement opposées, et entretiennent des relations politiques viciées.
En conclusion, les exigences raisonnables du vivre-ensemble ne s'alignent pas sur le communautarisme ethnique. Pour éviter l'émergence de nouveaux nationalismes étroits, il est obligatoire de tenir compte de cette réalité empirique.
Ely Ould Sneiba
Le 11 avril 2025