Document : Ould Taya était en colère contre le recensement des déportés mauritaniens au Sénégal effectué par le HCR en 1989

Une correspondance interne datée du 14 septembre 1995 entre le représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en Mauritanie, Michel Gaudé, et son bureau central à Genève, a révélé une grave crise entre le HCR et les autorités mauritaniennes concernant le dossier des réfugiés mauritaniens au Sénégal à la suite des événements sanglants de 1989, et comment Ould Taya était personnellement en colère contre l'intervention du bureau du HCR au Sénégal dans les affaires intérieures de la Mauritanie.

 

Intervention de l'ambassadrice américaine

 

Dans sa lettre, Gaudé a déclaré qu'il avait rencontré le mercredi 6 septembre 1995, l'ambassadrice américaine à Nouakchott, Mme Sampas, à sa demande, qui lui a présenté un rapport, en toute confidentialité, sur le contenu de sa discussion avec le président mauritanien, Maouiya Ould Taya, au sujet du retour des réfugiés mauritaniens au Sénégal dans leur pays d'origine.

Selon le document, l'ambassadrice a confirmé qu'Ould Taya considérait que le recensement des réfugiés, organisé par le Haut-Commissariat aux réfugiés au Sénégal, entravait ses efforts pour visiter les zones frontalières avec le Sénégal d'où provient la majorité des réfugiés au Sénégal après les événements de 1989/1990. La grande campagne médiatique qui a accompagné ce recensement, mise en œuvre personnellement par Ngando, le directeur du bureau du Haut-Commissariat à Dakar, a également été considérée par Ould Taya comme une "un coup de poignard dans le dos".

 

Le document ajoute que l'ambassadrice américaine à Nouakchott semblait troublée par la crise peu encourageante entre la Mauritanie et le HCR au sujet du dossier des réfugiés, qu'elle considère comme prioritaire et vital pour Washington. Elle a suggéré que le Haut-Commissaire présente des excuses au président Ould Taya ou remplace le personnel expatrié du bureau du HCR au Sénégal.

 

Cependant, la proposition de l'ambassadrice a été immédiatement rejetée par le représentant du HCR en Mauritanie, affirmant que le HCR n'avait commis aucune erreur, et craignant qu'Ould Taya ne cherche un prétexte pour se soustraire à la recherche d'une solution au problème complexe des réfugiés qui est essentiellement un problème interne pour la Mauritanie avant tout.

Le représentant du Haut-Commissariat a souligné que ce qui est "préoccupant" est que l'ambassadrice Sampas, sur instruction de Washington, proposera à Ould Taya de reprendre la coopération bilatérale avec la Mauritanie (aide au développement suspendu depuis plusieurs années), s'il acceptait les propositions du HCR concernant le retour des réfugiés mauritaniens au Sénégal, soutenues par les États-Unis.

Le document a fait état d'une déclaration d'Ould Taya aux journalistes lors de sa visite à Paris, le 13 septembre 1995, au cours de laquelle il a nié l'existence de réfugiés mauritaniens à l'étranger, affirmant que la plupart des personnes déplacées en 1989 étaient revenues, et que les autres seraient bienvenues parmi ceux qui souhaitaient rentrer.

أحد, 16/03/2025 - 01:27