Ould Cheikh El Ghazouani à l’heure des choix

Cette fois, pour emprunter les mots du romancier Mbarek Ould Beyrouk, le ciel n’a pas oublié de pleuvoir. En juin, les premières gouttes de pluie tombées à travers le pays, en proie à une grave sécheresse, ont redonné de l’espoir aux Mauritaniens et, surtout, allégé le poids pesant sur le chef de l’État, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Ce dernier, qui a fait consensus pendant de longs mois après son élection en juin 2019, affronte désormais les premières critiques. C’est sans doute l’un des revers du pouvoir auquel l’ancien chef d’état-major des armées était le moins préparé.

Tour d’ivoire

Cet homme mesuré et très discret de 65 ans, issu d’une grande et influente confrérie soufie, est à présent sommé de rendre des comptes sur ses trois premières années passées au Palais. Certains lui reprochent de s’être enfermé dans une tour d’ivoire, de ne pas renouveler la classe politique et l’administration ou encore de ne pas prendre de risques. « Son prédécesseur était omniprésent, tranche Yahya Ould Ahmed El Waghf, le secrétaire général de la présidence. Lui a une autre méthode, une autre culture. Ses réalisations sont nombreuses et nous avons conscience que nous devons davantage communiquer à ce sujet. De premiers bilans sont à l’impression afin d’être distribués. »

 

Et de lister les nombreux projets du président passés sous silence : réponse efficace à la crise liée au Covid-19 ; augmentation des salles de classes et recrutement de 8 000 fonctionnaires ; construction de routes ; amélioration des infrastructures de base… C’est là que se situe tout l’enjeu de ce mi-mandat. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani doit désormais sortir de la gestion de la pandémie, unanimement saluée, pour s’affirmer davantage sur d’autres plans. Le chef de l’État tient malgré tout à se montrer imperméable à la pression.

L’ombre de Mohamed Ould Abdelaziz

Que ce soit sur le plan diplomatique, lorsqu’il s’est trouvé pris entre la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et son voisin malien après que l’organisation sous-régionale a sanctionné Bamako en janvier, ou sur le front intérieur. Ainsi, ce n’est que le 3 juillet qu’il a décidé, comme pour mieux se l’approprier et trancher définitivement le débat, de renommer le parti au pouvoir, cette même formation, qui a été à l’origine, en novembre 2019, du début du conflit qui l’oppose à l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz.

L’Union pour la République (UPR) est ainsi devenue El Insaf (Équité) et elle a un nouveau président, l’actuel ministre de l’Éducation, Mohamed Melainine Ould Eyih. « Le chef de l’État devait avoir cela en tête depuis longtemps, mais il a préféré résister aux demandes pressantes et faire les choses bien, à son rythme », glisse l’un de ses conseillers.

 

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اثنين, 25/07/2022 - 13:40