Il est difficile de comprendre et même d’admettre que des décideurs déclarent publiquement que les retards enregistrés dans la réalisation des projets économiques sont dus essentiellement au manque de ressources humaines qu’ils présentent comme un obstacle infranchissable et un justificatif irréfutable de nos échecs économiques.
Non, malheureusement pour eux et pour nous, cet argument n’est pas recevable parce qu’à la pose de la première pierre de Nouakchott, le pays ne comptait pas un seul maçon, ni un seul menuisier. Pour les ingénieurs, c’est cinq ans plus tard que nous avions pu en compter deux, Ismael Ould Amar et Daffa Bakary.
On ne peut donc pas dire que nous étions gâtés en personnels techniques. Et pourtant Nouakchott a été construit et dans la foulée Akjoujt, Zoueiratt et Nouadhibou, des sociétés d’Etat comme la Sonimex, Air Mauritanie et l’Office du tapis ont rempli convenablement leurs missions et les succès dans la mise en œuvre de politiques économiques décidées ont souvent été au rendez-vous.
A l’époque, les décideurs économiques ont seulement pris la seule décision qui s’impose : transformer cette contrainte majeure en opportunité en recourant aux recrutements requis des professionnels uniquement en fonction des besoins intrinsèques en moyens humains de chaque projet ou entité à vocation économique. S’ils avaient attendu que le marché national du travail soit en capacité de satisfaire la demande des services, nous serons encore au point de départ.
Aujourd’hui, l’accélération du mouvement de l’histoire économique sous l’impulsion des TIC transforme les faiblesses en management des entités économiques combinées avec le manque de main-d’œuvre spécialisée en freins puissants de tout développement significatif. Ce sont justement ces faiblesses, facilement surmontables, qui sont à l’origine de désastres économiques et de régression sociale.
La solution, la seule appliquée partout et qui est à portée de mains, est de recourir massivement au recrutement de techniciens et personnels spécialisés pour combler nos besoins. C’est la seule voie possible pour prétendre au développement économique que nous permettent nos potentialités. C’est aussi la seule voie vers l’émergence d’un marché du travail dont le développement est tributaire de la marche générale de l’économie.