Les Mauritaniens ont voté à partir de 1946 mais depuis cette date aucun scrutin, quel qu’il soit, n’a été, réellement,transparent ou unanimement reconnu comme tel ni par la classe politique, ni par les électeurs. Les répercussions d’une pareillesituation ont constitué et constituent, encore, une véritable entrave à l’émergence d’un Etat moderne juste et égalitaire.
Depuis le fameux processus électoral de 1992 à ce jour, toutes les Organisations de Gestion des Elections (OGE) mises en places et tous les codes électoraux adoptés n’ont pu contribuer, véritablement, en Mauritanie, au déroulement d’élections crédibles, libres et transparentes.
Avec le flot actuel de protestation et de revendications, de plus en plus visibles et toujours plus insistantes, émanant de la société civile et de la frange jeune, en particulier, il devient urgent d’organiser, autrement, les futures élections. Pour ce faire, les pouvoirs publics et les acteurs politiques doivent, de concert, œuvrer en vue d’une organisation transparente, honnête et libre des prochaines élections de 2023 et de 2024.
L’atteinte de cet objectif requiert un ensemble de mesures et d’actions qui ne peuvent être toutes, ici, listées. Il sera, néanmoins, nécessaire de prendre les mesures ci-après :
1. Former, de manière consensuelle, une organisation de gestion des élections réellement neutre ; c’est-à-dire constituée de personnes de probité et d’intégrité connues.Cette structure devra assurer la gestion du processus électoral du début à la fin ; depuis l’inscription desélecteurs sur les listes jusqu’à la proclamation des résultats.
2. Déterminer, avec précision, la nature des rapports que devra entretenir l’organisation de gestion des électionsavec le Gouvernement et notamment le Ministère de l’Intérieur.
3. Mettre en place un nouveau fichier électoral sur la base de nouvelles inscriptions
4. Exiger l’inscription des votants uniquement là où ils résident
5. Auditer, par une structure spécialisée, neutre et sélectionnée à l’issue d’un processus de passation de marché transparent, le fichier électoral, avant sa publication. Ce processus doit être mené par l’organisation chargée de gérer les élections
6. Veiller à une répartition équitable, entre les candidats, des espaces publics pouvant servir à l’organisation des activités de campagne
7. Garantir un accès équitable des candidats aux médias
8. Prendre toutes les dispositions nécessaires afin d’empêcher, totalement, l’utilisation des moyens de l’Etat par des partis politiques, des candidats ou autres à des fins électorales.
9. Exiger que les présidents de bureaux de vote prêtent serment avant la confirmation de leur désignation
10. Etablir les procès - verbaux de dépouillement des bulletins de vote et en remettre copies aux représentants des candidats au niveau de chaque bureau de vote
11. Définir, sans ambigüité, les modalités et les délais de recours en cas de contestation, par un candidat, des résultats du scrutin.
En plus de ces mesures non exhaustives, toute action susceptible d’assurer la tenue d’élections crédibles, libres et transparentes devra être prise.
Avec ce paquet minimal d’actions, le vœu des citoyens, relatif à la participation à des élections non jouées d’avance, sera exaucé. La cohésion sociale en sortira, sans doute, plus renforcée et l’image du pays en sera redorée sur le plan national et au niveau international.
C’est seulement à l’issue de telles élections que le dialogue (ou la concertation) doit avoir lieu entre des forces politiques dont la représentativité populaire est, clairement, confirmée à travers les urnes.
Ne perdons pas, encore, une fois, inutilement, le temps dans des joutes et polémiques stériles.
Qu’Allah guide nos pas sur le droit chemin.
Mohamed Ould Vall Ould Abdi