Tasiast : une histoire de réussite et un grand défi du contenu local

Au milieu de nulle part, dans un coin reculé du désert, se dresse la citadelle de Tasiast Mauritanie, ce magicien canadien qui a su démontrer, bien avant cette ruée actuelle vers la prospection aurifère, que l’or se cache bien au fond du sable et dans les confins des montagnes de l’Inchiri. C’est là, en définitive, que cette société minière de renommée mondiale a débarqué, un beau jour de 2010, transformant cette contrée abandonnée en un complexe minier plein de vie, de construction et de déconstruction constructive.

Activités partout. Au niveau des lieux de l’extraction, à l’usine de traitement ainsi que dans les sites de l’exploration. Toutes les activités à Tasiast sont régies par un dispositif de « Health and Safety » (Santé et Sécurité) omniprésent sur le site : caméras de surveillance, badges de contrôle d’accès, signalisations, alertes…, pour assurer la sécurité du personnel et la protection de l’environnement. Un petit joyau urbanistique en plein désert, riche en infrastructures (électricité, eau, routes, structures sportives et lieux de détente…) C’était l’impression partagée par une dizaine de journalistes accueillis par Tasiast, pour une visite de deux jours.

 

Gisement gigantesque en amélioration continue

 

 Tasiast Mauritanie, filiale du géant canadien Kinross Gold Corporation, a été lancée en collaboration avec l’Etat mauritanien, pour exploiter un gisement aurifère situé dans la zone de « Tasiast », à 300 kms au nord-est de Nouakchott. Ce gisement, découvert par la société Red Back Mining Inc, contient une réserve prouvée, estimée à 8 millions d’onces, ce qui représente plus de 30% du potentiel de l’or en Mauritanie.

Sur les lieux d’extraction, des dizaines de camions gigantesques transportent, sans interruption, le minerai vers le lieu de stockage, estimé actuellement à 40 millions de tonnes. Selon le dernier rapport publié par Kinross, les opérations d’extraction ont atteint plus de 3,4 millions de tonnes, au cours du premier trimestre 2022, alors que les travaux de traitement s’élèvent à 1,4 million de tonnes, pour la même période.

Selon le rapport trimestriel, la capacité de traitement du minerai a régulièrement atteint 21 mille tonnes par jour, avec une teneur de 2,54 grammes par tonne. Cette capacité élevée a été obtenue grâce à l’amélioration des procédés de traitement qui ont permis de réaliser un niveau de production record de 3,7 tonnes d’or. Dans les prévisions de TMLSA, le projet 24K devrait permettre d’accroître le rendement de la mine en passant de 21 000 tonnes/jour au  1er trimestre 2022 à 24 000 tonnes/jour d’ici la mi-2023, prolongeant ainsi la durée d’exploitation de la mine de quatre ans, soit jusqu’en 2033.

 

Quel impact sur le contenu local ?

 

En 2020, Tasiast, a travaillé avec plus de 204 entreprises mauritaniennes, fournisseurs et prestataires de services, pour une valeur de 180 millions de dollars, selon les chiffres récemment publiés par Tasiast. Dans le même contexte, Tasiast est également un important pourvoyeur d’emploi, venant juste après l’Etat et la SNIM, avec plus de 3 800 employés, dont 97% de nationaux. Au cours de la visite guidée, les journalistes visiteurs ont rencontré des cadres, des employé(e)s et des opérateurs mauritaniens s’activant partout  : sur les lieux d’extraction, au sein des services de sécurité, pour la santé et pour toute la logistique.

Au niveau de la formation et la qualification des entreprises, Tasiast Mauritanie vient de lancer un partenariat avec l’IFC (Société financière internationale, organisation du Groupe de la Banque mondiale consacrée au secteur privé), pour renforcer la participation des entreprises locales dans le secteur des mines en Mauritanie, afin de les aider à se développer et créer des emplois tout en se conformant aux procédures transparentes mises en œuvre par TMLSA

L’on constate en effet à ce sujet que la participation des entreprises mauritaniennes dans les travaux miniers, que ce soit à Tasiast ou à MCM, se limite aux travaux logistiques et services connexes. Les travaux les plus importants, en termes de rémunération pour les travailleurs, et qui concernent l’exploration et l’industrie du traitement de l’or sont, le plus souvent, confiées à des expatriés, faute d’expertise locale disponible. Pour surmonter le défi de l’intégration des entreprises nationales dans les filières industrielles, il faudrait mettre en place un système de formation destiné aux entrepreneurs et ingénieurs spécialisés dans les domaines en question.

 

Mauritanisation des emplois 

 

Le Plan de « mauritanisation des emplois » est une loi votée par le gouvernement mauritanien en juillet 2016, pour porter le nombre de Mauritaniens travaillant à TMLSA à 97 %, tout en réduisant le nombre d'expatriés présents sur le site. La réalisation de cet objectif permet aujourd’hui aux employés mauritaniens d’occuper 97% des 3 800 opportunités d’emplois dans la société. TMLSA espère même dépasser cet objectif au cours des prochaines années.

Cependant, plus de la moitié de ces employés sont engagés par les prestataires de services contractuels avec Tasiast. Du coup, il apparait essentiel de veiller à ce que ces employés ne soient pas placés en situation de fragilité, par exemple sans contrat de travail ni assurance médicale. Même s’il est vrai que le non-respect du droit du travail par les sous-traitants envers leurs employés relève de la responsabilité de l’inspection du travail, d’un côté, et des syndicats d’un autre, celle de Tasiast pourrait se trouver indirectement engagée dans le cas de situations alarmantes.

Dans une réunion avec le directeur général de Tasiast, M. Gavin. Ferguson, pendant la dernière phase de la visite guidée, nous avons évoqué le sujet de ces employés, en signalant que cette situation pourrait entacher la réputation de la société, au niveau national ainsi qu’au niveau des marchés internationaux.

 

L’effort de Tasiast auprès de ses sous-traitants - que le directeur général préfère désormais appeler business partners (partenaires d’affaire) – s’est récemment renforcé avec la création d’un nouveau poste de cadre-manager. Cette personne est désormais chargée du suivi des conditions de travail des employés des business partners, et de leur conformité avec le Code du travail mauritanien et avec le cahier des charges qui lie le prestataire à TMLSA.  L’objectif pour Tasiast est que les employés de ses business partnersbénéficient d’un traitement similaire à celui des employés directs de la société, selon une déclaration faite par le DG pendant la réunion.

 

Un nouveau départ

 

Le 15 juin 2021, un incendie a fortement endommagé le  broyeur SAG de l’usine de production, qui est le moteur principal de la société. Un accident de conséquences graves sur la production et l’avancement du projet phare dit « Tasiast 24K », mais aussi sur le moral du personnel de la société.

Un an après, il semble que tout est rentré dans l’ordre : avancement significatif au niveau du projet 24K, inauguration d’une centrale solaire prévue en 2023, de nouvelles stratégies pour le développement des activités industrielles et des actions sociales.

Ce nouveau départ arrive dans un contexte marqué par le retrait de Kinross de ses mines de Kupolen (Russie) et de Chirano (Ghana). Ce contexte montre que la société canadienne, implantée en Mauritanie depuis 2010, est sur la bonne voie pour ouvrir de nouvelles perspectives dans le domaine minier, surtout avec la création d’une nouvelle filiale SENISA, qui a déjà lancé les travaux de l’exploration au nord de l’Inchiri.

 

جمعة, 01/07/2022 - 00:33