4. Des bribes de propositions
Ceux qui brassent l’air en permanence, dans une logique politique nihiliste, devraient, de temps à autre, renoncer à un tel exercice de facilité, et s’essayer à une logique positive, celle de propositions constructives pour davantage d’égalité des chances au profit des citoyens de ce pays, de progrès social collectif et de responsabilité citoyenne ; ils rendraient ainsi un bien meilleur service à eux-mêmes, aux leurs et à tous leurs concitoyens.
Dans cet ordre d’idées, je souhaiterais avancer des remarques basiques, susceptibles, à mon sens, de renforcer l’action publique en cours, visant à améliorer, dans la durée, les performances de l’administration publique de notre pays et de favoriser l’évolution pacifique de notre société vers l’intégration et le développement durable.
Pour aplanir un problème de société, aussi complexe soit-il, il n’y a pas trente-six solutions ; les pouvoirs publics peuvent agir suivant quatre axes principaux : sensibiliser le corps social, adopter un cadre législatif et réglementaire adapté, former les ressources humaines aptes à accompagner et mettre en œuvre un tel dispositif légal, et prévoir les moyens logistiques y afférents.
Le précédent ordre de priorité revêt, à mes yeux, une importance capitale, car, la coercition potentielle de par la loi, la rigueur et la probité des juges, et la disponibilité des moyens matériels, ne sont d’aucun secours dans la bataille contre la corruption, par exemple, tant que la société traite les auteurs de détournements de deniers publics en « braves gars », voire en « héros », et les fasse bénéficier d’un véritable laxisme moral ambiant. Bien au contraire, un « tableau rédhibitoire » comportant les noms des agents publics «indélicats », doit être dressé et régulièrement actualisé, à la faveur de chaque mise au jour d’une corruption avérée ; ceux dont les noms figureront sur ce tableau devront être interdits de service au sein de l’administration de ce pays. Ils devront aussi être frappés d’inéligibilité, et ce afin d’éviter, par exemple, que l’Assemblée nationale ne devienne le refuge de richissimes ex-prévaricateurs, leur échappatoire rêvée des rigueurs de la loi, le point de départ de nouvelles atteintes à l’intérêt public...
Les pouvoirs publics, les partis politiques (toutes obédiences confondues ; dans un souci d’unité nationale, il serait souhaitable, à terme, d’en limiter le nombre à trois: Gauche-Centre-Droite), les oulémas, les ONG, la presse, les artistes ..., se doivent d’agir, de concert et en écho aux suggestions du Président de la République à Wadane et au Palais Al Mourabitoune, pour former et mobiliser un bouclier national largement majoritaire (un consensus social) contre la culture endémique de la corruption. Une telle thérapie doit être aussi précoce que possible, notamment dès l’école primaire. Il y va de la préservation de la paix civile dans ce pays, de sa stabilité politique et de son essor économique partagé.
En matière de ressources humaines, il est primordial de choisir une grande majorité des fonctionnaires, sur la base de concours transparents, et ce afin de sélectionner les meilleurs cadres parmi le vivier humain national. Un fonctionnaire recruté sur des bases particularistes ou subjectives est autrement plus vulnérable au laxisme, au népotisme et à la vénalité, qu’un fonctionnaire psychologiquement conforté dans ses mérites personnels, à la faveur d’une procédure de sélection irréprochable. S’il est compréhensible, dans un jeune pays comme le nôtre, de procéder à des promotions individuelles destinées à respecter certains équilibres sociaux, la grande majorité (+90%) des fonctionnaires ne doit avoir de compte à rendre, ni d’allégeance qu’à l’État mauritanien, dans le cadre de sa vision unitaire et démocratique de la société. L’équité véritable est à ce prix, tout comme le sont l’efficacité et l’efficience administratives ; le communautarisme est, par essence, antinomique des vertus de la bonne gouvernance et du progrès social.
S’agissant du cadre législatif et réglementaire, sans être un spécialiste du droit, il me semble que les fondamentaux sont là ; à titre d’exemples, les lois sur la répression de la pratique de l’esclavage ou de la corruption, sont parmi les plus en avance de la sous-région et probablement du monde, pour peu qu’elles soient scrupuleusement appliquées.
Il est possible d’épiloguer à souhait au sujet de l’insuffisance des moyens logistiques ; il est néanmoins indéniable qu’avec un usage efficient des ressources disponibles, on peut déjà « faire la différence ».
(Fin)
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