Au cours de sa conférence de presse mouvementée, l’ancien président Aziz a déclaré qu’il s’est senti persécuté. On l’a accusé de tous les maux, lui qui se considère comme celui qui a sorti la Mauritanie de l’ornière. Celui qui a bâti des routes et des écoles, des établissements d’enseignement supérieur spécialisés, celui surtout qui a réussi à bâtir une armée digne du nom, mis le pays à l’abri des bandes terroristes qui sèment le désordre et la misère dans le Sahel. Ould Abdel Aziz avait, au début de son mandat, suscité un immense espoir de ces concitoyens en parlant de lutte contre la pauvreté, contre la gabegie, en mettant des présumés voleurs en prison. Il a dans la foulée, mis fin à de nombreux privilèges mal acquis. Rappelez-vous le désordre dans l’octroi de logements, de véhicules de fonction, dans les regroupements eaux et électricités au profit de certains fonctionnaires de l’état, de carburant distribué à tour de bras…Il a renforcé les boutiques Emel …Son discours populiste voire démagogique pour ses détracteurs avait séduit, mais hélas, cella n’a pas duré.
Ould Abdel Aziz peut se vanter d’avoir fait changer les paroles de l’hymne et les couleurs du drapeau national, pour disait-il réhabiliter la résistance des mauritaniens face à la pénétration coloniale française.
Durant son règne, Ould Abdel Aziz a créé une classe de nouveaux riches, des hommes sortis d’on ne sait où et qui paradoxalement ont contribué à sa perte. Les voilà aujourd’hui dressés contre lui. Ils ont réussi à le booster hors de l’UPR, le parti qu’il a créé en 2009. Des hommes qui ne juraient que par lui, des hommes qui ont essayé de le pousser à parjurer, en violant la Constitution pour briguer un 3e mandat, lesquels, aujourd’hui, lui reprochent d’être mal placé pour donner des leçons de démocratie.
L’ancien président doit être amer, il vit comme un drame intérieur. Hier adulé et craint, il est devenu en mois de trois mois de son départ du pouvoir, le plus honni de la République. L’opposant N°1 d’Ould Ghazwani, l’homme qu’il a contribué à faire élire à la tête du pays. L’homme qu’il a eu à «recommander » à certains de ses collègues, comme le Tchadien Deby et le sénégalais, Macky Sall, le jour de son investiture, le 1er août dernier.
Mais quelle que soit le drame qu’il vit aujourd’hui, Ould Abdel Aziz mérite qu’on lui reconnaisse son courage, sa fougue mais aussi pour la réalisation de certaines infrastructures de base. L’homme est un fonceur, un bulldozer, diront certains. Il écrase tout sur son passage au point que les mauritaniens le traite d’«arrogant », voire de « méprisant. » Des qualités ou défauts, c’est selon, pour diriger la Mauritanie.
Autre qualité d’Ould Abdel Aziz, le courage de dire tout haut, ce qu’il pense tout bas. En effet, rares sont aujourd’hui des hommes d’état africains et du monde Arabe qui osent étaler sur la place publique leurs divergences ou opposition avec leurs successeurs. Accusé et condamné par le tribunal populaire, voué aux gémonies par certains de ses concitoyens et par des réseaux sociaux, Ould Abdel Aziz a osé critiquer son ami et successeur, que tout le monde qualifiait hier de son Medvedev. Il a osé accuser Ghazwani d’ «avoir violé la Constitution », en tentant de faire main basse sur l’UPR. Mieux, il a clamé devant la République qu’il a certes acquis de l’argent mais que cet argent était le fruit de son travail, que personne ne pouvait démontrer le contraire, menaçant au passage de dévoiler ou de dénoncer tous les gabegistes de la République, c'est-à-dire de son règne. Niché au cœur du système, depuis Ould Taya, l’homme connait certainement beaucoup de dossiers « occultes » et pourrait en user. Gare donc à ces brebis galeuses partis se faire recycler chez Ghazwani pour se mettre à l’abri et pour préserver leurs intérêts. Une sortie dont le ton a surpris plus d’un. Certains ont même cru qu’il venait de commettre une autre faute politique, en se jetant dans la gueule du loup et qu’il risquait même, par conséquent, de se faire arrêter. Rien de tout cela. Et pour cause, il disposerait de missiles Scuds qui pourraient éclabousser le nouveau pouvoir.