C’est au gré de mes pérégrinations de lectures que je suis tombé sur l’article du CALAME du 8 Octobre 2019 intitulé « Maroc-Mauritanie : des opérateurs mauritaniens se plaignent de déséquilibres ».
Quoi de plus normal que l’existence de déséquilibres entre le Maroc et la Mauritanie, me suis-je dis de prime abord, le poids économique et démographique du premier surpassant de très loin celui de la seconde ?
Je me suis donc mis à lire l’article avec ce préjugé et en tout cas j’étais bien pressé de découvrir ce que recouvre le titre plutôt équivoque.
Après une première lecture, une seconde lecture plus attentive m’a permis de me faire une idée précise des faits incriminés : alors que la Mauritanie accueille à bras ouverts les investissements marocains, le Maroc serait fermé aux investissements mauritaniens.
Notons bien les temps utilisés dans la phrase : si l’existence d’investissements marocains à grande échelle en Mauritanie constitue un fait indéniable pour l’observateur mauritanien que je suis- j’allais dire le témoin oculaire- je ne peux, à ce stade, affirmer que les investissements mauritaniens au Maroc ne sont pas permis, c’est pourquoi j’ai utilisé le conditionnel.
Car si cela devait être effectivement le cas, ce qui serait en jeu, ce n’est pas l’existence de « déséquilibres » entre les deux pays, chose somme toute normale, comme indiqué plus haut, mais le NON-RESPECT DU PRINCIPE DE RECIPROCITE, fondement des relations internationales entre les Etats, qu’il s’agisse du commerce, des investissements, des impôts et taxes, des règles de résidence des ressortissants étrangers ou des visas de tourisme etc…
Imaginons un peu que les entreprises françaises puissent investir librement en Allemagne, mais que la réciproque ne soit pas envisageable, que les exportations chinoises aux États-Unis soient fortement taxées à l’entrée mais que les autorités chinoises s’interdiraient de réagir par des mesures de rétorsion. Impossible, évidemment, car le sacro-saint principe de réciprocité est là pour régir les relations bilatérales entre les Etats.
C’est pourquoi il serait bien curieux que le Maroc dont les investissements sont nombreux et variés en Mauritanie, ait accueilli avec froideur des investissements mauritaniens, négligeables du reste, car il s’agit d’un pays de forte tradition libérale, ouvert depuis toujours aux investissements étrangers, signataire des conventions de l’UMA, de l’OMC et candidat à l’adhésion à la CEDEAO, dont les hommes d’affaires nigérians, ivoiriens, sénégalais et autres, ont déjà les yeux rivés sur le marché marocain pour s’y installer.
Alors soyons vigilants mais ne concluons pas si vite, en attendant de mener les investigations nécessaires, officiels et journalistes chacun de son côté, et espérons que les choses se règlent rapidement et calmement en famille, dans le respect du principe de réciprocité et sans jeter de l’huile sur le feu…
Omar Ould Sass