Le tribalisme poulo-toucouleur, qui fait du boycott de langue arabe un modus vivendi voire une question de vie ou de mort, déplore que la promotion d’élèves magistrats sortie cette année ne compte aucun de leurs fils.
Un adage populaire français dit qu’on ne peut pas avoir, à la fois, le beurre et l’argent du beurre. En effet, celui qui fait le tour des établissements de l’enseignement supérieur nationaux pourra constater de visu que les étudiants négro-mauritaniens inscrits en filière arabe, toutes spécialités confondues, ne représentent que la portion congrue pour cause de désertion, bien délibérée, de la langue arabe.
Pour renconter ces ‘’exclus’’, l’arabe étant une arme d’exclusion massive pointée depuis toujours contre les non arabophones, d’après les Négro-communautaristes et les Néo-harkistes, il faut aller du côté francophone, là-bas le nombre des étudiants noirs est conséquent.
Et comme les magistrats sont formés en langue arabe, dans État arabe (et non un État binational négro-arabe ou franco-arabe), le pourcentage des Négro-Mauritaniens (une composante sociale et non un deuxième État dans l’État) ne peut être qu’insignifiant ou même nul. Qui sème le vent récolte la tempête dit le proverbe, et être absent en amont, c’est aussi être absent en aval.
Et les concours de l’ENA de Paris ?
La France étouffe ses langues régionales : le breton, le basque, le corse, le catalan, le tahitien, etc., et lutte de toutes ses forces contre l’influence de l’anglais (loi Toubon). C’est pourquoi, même les thèses de doctorat en littérature arabe ou chinois ou anglaise…sont rédigées obligatoirement en français. Quant aux concours d’entrée dans les grandes écoles, y compris l’Ecole Nationale d’Administration, ils sont exclusivement passés en français et la formation y est dispensée en français aussi de manière exclusive.
La France a raison, vivre ensemble au sein d’un seul État, une seule République, exige l’institution d’une langue commune. C’est pourquoi, l’ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) avait consacré la primauté et de l'exclusivité du français qui ‘’devient ainsi la langue officielle du droit et de l'administration, en lieu et place du latin mais aussi des dialectes et langues régionales’’.
Cette ordonnance est toujours en vigueur en France. Et c’est bien normal, les élites françaises sont bien éclairées, elles savent le risque encouru si chaque ethnie française exigeait de n’utiliser que sa langue.
Pour pallier l’émiettement social et la désintégration nationale, la France a imposé la langue française et du coup a fermé la porte devant toutes les velléités identitaires dans un pays où plus de 60% de ses citoyens sont d’origine étrangère.
L’État mauritanien était gentil. Il avait consacré le bilinguisme arabe et français, sans toutefois l’inscrire dans sa Constitution. Mais, plus 90 % des Négro-Mauritaniens ne sont pas bilingues.
Que faire pour que les tribalistes poulo-toucouleurs, soninkés et wolofs ne soient pas exclus ?
La réponse est claire : une administration et un enseignement en français pour eux. Des contours en français pour eux. Une Fonction publique pour eux : des quotas francophones partout.
Question : si l’État mauritanien est condamné à la division suivant une ligne linguistique et raciale, pourquoi hésiter à dire les choses, pour quoi l’errance dans le désert pendant soixante ans ?
Dites-le clairement ! Dites que vous voulez un État binational, une étape stratégique avant la dislocation : la Mauritanie du Nord et la Mauritanie du Sud.
Ely Ould Sneiba