
Il y a de nombreux conflits ethniques postcoloniaux qui se produisent en Afrique de l'ouest. Au Nigeria, on évoque un conflit dû à des intérêts antagoniques entre agriculteurs et éleveurs. Au Burkina Faso, au Niger et au Mali, on pointe du doigt le fondamentalisme religieux. La crise au Cameroun est en rapport avec la marginalisation et la discrimination envers les anglophones. En Guinée, les Malinkés, les Soussous et les Peuls sont en lutte perpétuelle pour prendre le contrôle du pouvoir. Au Sénégal, les Wolofs et les Poulo-Toucouleurs se regardent en chiens de faïence pour des raisons similaires.
Pour ce qui est du seul pays arabe de la sous-région, la Mauritanie, on avance le racisme d'État pour expliquer les effets dévastateurs du fanatisme peul, qui a provoqué ce conflit ethnique ancien, jamais résolu, impliquant de façon trompeuse les Soninkés et les Wolofs, alors qu'il est véritablement nationaliste foutanké.
Même si les lieux changent et que les crises soient décrites de différentes manières, on constate toujours la même toile de fond idéologique : le nationalisme peul.
Quelles sont donc les aspirations de ces ethnocentristes?
Pour répondre à cette question, il est judicieux de ne pas prendre en considération leurs nombreuses allégations fantaisistes et de se référer à leur littérature politique de base.
À cet égard, la lecture de 'La Lettre des 19' et du 'Manifeste du Négro-Mauritanien opprimé' est utile.
Dans ces deux tracts, les porte-paroles autoproclamés des Peuls affirment vouloir préserver leur identité culturelle tout en s'opposant à l'enseignement de la langue arabe, qu'ils jugent comme une forme d'oppression culturelle, à l'opposé de la langue française qui favorise l'épanouissement des Négro-Africains. Une bourde qui a été corrigée dans le second document, alors que dans le premier, les auteurs avaient complètement négligé d'exiger l'enseignement des langues africaines.
Autre revendication majeure, les nationalistes pulaars mettent également l'accent sur la nécessité de partager équitablement le pouvoir et les richesses nationales entre les différentes ethnies.
Concrètement, ils exigent la mise en place d'une République ethnique où chaque ethnie peut utiliser sa langue, détenir une part du pouvoir et des richesses nationales, et favoriser le développement d'une identité propre. Ce qui serait simplement une forme de développement séparé, un apartheid racialement consenti et institutionnalisé.
N’était-il pas plus commode pour les militants foutanké de suivre la même approche que les Basques : rester au Fouta, puis revendiquer l’indépendance ?
Ely Ould Sneiba
Le 2 juin 2025