
Ce n'est pas 'le passif humanitaire' qui fait bouger les nationalistes pulaars. Il a déjà été solutionner sans être résolu pour eux.
Il ne s’agit pas de la question de l’enseignement des langues peule, soninké et wolof qui n'était pas au cœur de leurs revendications initiales, mais ajoutée bien plus tard, lorsqu'ils ont réalisé qu'il était absurde de rejeter la langue arabe pour lui substituer une langue étrangère. Les nationalistes poulo-toucouleurs étaient conscients également qu'aucun pays africain ne prend en compte l'intégration des langues africaines dans ses programmes scolaires.
Cela ne concerne pas la question de l'esclavage, car on ne peut pas exclure la société esclavagiste, féodale et castée négro-africaine de ce phénomène.
L'exclusion et la discrimination ne sont pas non plus la raison, car le premier conflit interracial s'est produit pendant que les cadres négro-africains étaient amplement présents dans l'État et ses rouages.
Enfin, le militantisme pulaar n'est pas dû aux terres de la vallée, qui, somme toute, appartiennent à l'État.
Plancher sur tous ces artifices serait aussi vain que futile.
Une crise à répétition, qui a l'âge de l'État, ne peut être réglée que par un diagnostic courageux et précis, sans faux-fuyants ni différés.
En vérité, quiconque a entendu le discours du leader d'IRA, prononcé lors d'un meeting populaire dans la région du fleuve sous les applaudissements des Foutankés, et traduits en pulaar, ne peut plus se tromper ou louvoyer.
Ce fervent défenseur du communautarisme racial, avait affirmé avec véhémence que lui et ses alliés allaient déloger les Beïdanes, leur arracher le pouvoir.
Il s'agit clairement d'une lutte pour le pouvoir de nature raciale, et non d'une crise conjoncturelle due à l'injustice ou à la mauvaise gouvernance.
À ce sujet, les questions appropriées sont plutôt :
Doit-on accorder un statut constitutionnel aux races et mettre en place un apartheid voulu et consenti sur le plan ethnique ?
Les Beïdanes sont-ils prêts à céder partiellement ou complètement le pouvoir aux communautaristes noirs ?
Est-ce qu'ils sont en faveur d'un État mauritanien binational ou multinational ?
Pour résumer, il est inutile de persister dans le dilatoire. Les questions posées lors du Congrès d'Aleg en 1958 étaient les bonnes. Et il est impératif d’y répondre de manière claire et tranchante, sans faire d'esquive, par un simple oui ou un simple non net, sans dire 'on verra plus tard'.
Ely Ould Sneiba
Le 22 mars 2025