
À chaque fois qu'un sujet national d'actualité est évoqué, les partisans de l'ethnicisme poulo-toucouleur réagissent en diffusant de nombreux discours sur les réseaux sociaux et sur leurs propres sites d'information. En pensant pouvoir échanger avec la majorité des Mauritaniens, leurs messages ne parviennent en réalité qu'avec la communauté francophone, à savoir eux-mêmes et l'ancienne école beïdane.
Le reste de la population lettrée est de langue arabe. C'est un fait indiscutable, et les replis identitaires ne peuvent rien y changer. Même si on attribue aux Maures des origines sioux, pachtounes, cosaques ou aborigènes... !
Et si demain, un dialogue entre mauritaniens est organisé, le schisme sera net. La plupart des élites négro-mauritaniennes ne comprennent pas l'arabe et réclameront la traduction et l'interprétation.
Cela dit, de quelle cohésion nationale, parlez-vous ?
L'unité d'une nation multiethnique repose sur une langue et non sur plusieurs langues.
Les Sénégalais et les Maliens avaient parfaitement saisi cette idée. Et ce n'est pas le cas des Négro-Mauritaniens qui soutiennent la 'bantoustanisation linguistique', en insistant constamment sur le fait qu'aucune langue ne devrait être imposée, pointant du doigt la langue arabe, qui est la langue officielle de leur pays et la langue liturgique de leur religion.
Erreur historique de leur part.
Sans l'ordonnance de Villers-Cotterêts datant de 1539, il n'y aurait pas eu de cohésion nationale en France, car le peuple français, latino-germanique, parlait plusieurs langues.
En Mauritanie, le français était imposé non pas par une loi, mais par la volonté de ses fonctionnaires négro-mauritaniens formés à l'école coloniale, qui voulaient préserver leur avantage en francisant exclusivement l'administration.
Nous ramons à reculons, malheureusement. Nous ne nous plions pas à une règle presque universelle que toutes les grandes puissances mondiales instaurent, qui est le monolinguisme officiel.
Avec 1 milliard 400 millions d'habitants et 81 langues, la République populaire de Chine a pour seule langue officielle le mandarin standard.
En règle générale, la langue utilisée par le groupe dominant devient officielle, sauf en Afrique noire en raison du retard des langues nationales africaines. Néanmoins, quelques-unes d'entre elles ont été adoptées comme langues de communication au niveau national, comme le wolof, par exemple.
Les partisans du pluralisme officiel font toujours référence aux exceptions et mentionnent les exemples du Canada, de la Suisse et de la Belgique.
Dans ces cas, les habitants vivent exclusivement sur des territoires autonomes. C'est tout à fait le contraire des Foutankés, qui sont dispersés sur le territoire national, même s'ils ont des villages individuels, mitoyens de villages arabes.
À moins d'un miracle provenant du dialogue inclusif en perspective, les Mauritaniens demeureront les Babéliens des temps modernes.
Ely Ould Sneiba
Le 07 mars 2025