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Dans la vie politique, deux concepts sont fréquemment mentionnés car ils sont essentiels pour l’exercice serein du pouvoir ; ce sont les consultations et le dialogue.
Le Président de la République a naturellement tout le loisir d'organiser des consultations avec les chefs de partis qui le soutiennent ou non, avec les leaders d'opinion et avec les personnalités politiques importantes sur des sujets habituels, pour une meilleure prise en compte des aspirations du peuple.
En ce qui concerne le dialogue, c'est tout autre chose. Il peut survenir dans des circonstances exceptionnelles, nécessitant un large consensus, indispensable à la stabilité nationale, comme lors d’une crise majeure.
Il est évident que les consultations ont pour but de recueillir un avis consultatif, non contraignant, alors que l'objectif d'un dialogue est d'arriver à des compromis politiques entre les deux camps opposés en vue d'aboutir à un accord. Dans le premier cas, les interlocuteurs sont pour l'essentiel des alliés ; dans le second cas, ce sont des adversaires et des concurrents.
Par ailleurs, il y a une majorité parlementaire qui soutient le gouvernement, et au-delà, et plus amplement, il y a une majorité qui soutient le président de la République.
Et si, par exemple, des députés s'opposent à la politique du premier ministre, ils ont la capacité de déposer une motion de censure (vote of no confidence). Donc, quand la confiance entre le gouvernement et une majorité parlementaire est rompue, le gouvernement chute après le vote de censure, mais pas le président de la République qui n’est pas responsable devant le parlement.
Toutefois, si tout se passe mal, il peut être envisagé de contraindre le Président de la République à cohabiter, c'est-à-dire à gérer le pays avec son opposition.
Questions :
Est-ce que la Mauritanie traverse une crise existentielle ?
Le Président Ghazouani a-t-il perdu la majorité parlementaire ?
Lorsque l'opposition est en minorité, elle ne peut ni bloquer la volonté du Président de la République ni le contraindre à négocier dans le but d'obtenir des gains politiques.
En termes simples, le Président de la République a la liberté de se limiter aux consultations politiques pour plus d’efficacité. Et s'il opte pour le dialogue, c'est son choix et il est souverain.
Ely Ould Sneiba
Le 24 février 2025