C'est simple pourvu que la nation prime. Mais auparavant, une question :
Un État toucouleur exclusif est-il possible ?
En tout cas pas ici à la place de ce pays membre de la Ligue des États Arabes qui est la Mauritanie, berceau des Almoravides et terre émirale hassanienne.
Si ce projet n'a pas vu le jour au Sénégal et en Guinée, ici à l'extrémité ouest du Maghreb Al-Aqsa, c'est la mer à boire, sauf si les Arabes regagnent leur péninsule arabique, les Peuls la Corne de l'Afrique, les Soninké l'Egypte et les Wolofs l'Adrar des Bafours.
Les Toucouleurs avaient pourtant leur propre État au niveau de la vallée, de part et d'autre du fleuve, mais les Maures n'y étaient pas et ne payaient pas le ''Moudo Hormo'' (مد الحرمة).C'était du temps des Tekrours, avant l'époque coloniale qui avait bouleversé la géographie, où les États n'épousaient plus les contours de l'ethnographie africaine. C'est la faute donc au colonisateur, au locuteur natif du français, la langue-refuge, la langue-arbitre, la langue d'ouverture et plein d'autres hyperboles.
Quoiqu'il en soit, la nation mauritanienne ne doit pas payer la facture de la rancœur des ethnocentristes du Fouta, foncièrement frustrés de n'avoir pas eu un foyer national pour eux tout seuls.
D'autre part, même si la propagande des FLAM prétend autre chose, les Toucouleurs sont minoritaires. Si on y rajoute les Peuls, ils restent minoritaires. Et si tous sont dits négro-mauritaniens, leur poids démographique demeure toujours inférieur par rapport à celui desMaures. Aussi, leur espoir ne viendra pas des Harratines, car ils ne sont pas des Négro-mauritaniens ; ils sont des Arabes comme les Mamelouks, les vainqueurs des Tatars, sont devenus des Arabes.
Comment alors sortir de l'impasse ?
Les Nationalistes toucouleurs se sont pris dans leur propre filet ; par ethnocentrisme exacerbé, par hypertrophie du moi ethnique, ils avaient provoqué la fracture nationale, et aujourd'hui, ils parlent d'apartheid. C'est l'arroseur arrosé !
Fort heureusement, il y a la magie de l'intégration nationale, cette belle alchimie qui mixe les ethnies dans un même moule et en fait une même nation, bigarrée certes mais nation unie tout de même.
L'ancien président américain Barack Obama avait bien saisi cette réalité. Il savait qu'il ne pouvait pas compter sur les 10 pourcent du vote noir pour accéder à la magistrature suprême de son pays. En bon démocrate, non ethniciste et non communautariste, il avait fait le choix de l'intégration, il a pris les commandes des États-Unis et il a dirigé le monde. Un Malcolm X ou un autre militant noir américain ne serait jamais parvenu à cause du négro-centrisme.
De l'autre côté du fleuve Sénégal, Macky Sall a adopté la même conduite, il n'avait pas fait de son appartenance ethnique une stratégie de conquête du pouvoir. Macky, le Toucouleur, était le lieutenant du Wolof Abdoulaye Wade, il avait attendu son heure, elle a sonné, et il est aujourd'hui le président de tous les Sénégalais.
En somme, l'ethnocentrisme mène à la désintégration nationale, et celle-ci fait le lit de l'apartheid.
Ely O. Sneiba