Dans leur ensemble, les nominations faites par le président Ghazouani et son gouvernement montrent que l’actuel régime, en vrai rassembleur, ne veut écarter personne. Tout responsable ‘’débarqué ‘’ d’un poste est - sauf rares exceptions- systématiquement nommé dans une autre fonction. Ainsi, ils sont très, très rares ceux qui ont été limogés sans être placés ailleurs.
Lorsqu’il s’était agi de nommer des conseillers à la présidence, on avait conservé tous les anciens qui étaient à la maison brune, en leur disant de rester et qu’il y avait de la place pour tous.
Au gouvernement, des ministres du dernier gouvernement de Ould Abdelaziz sont restés en place, comme si de rien n’était.
Plus récemment, lorsque le mandat du gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie est arrivé à son terme et qu’il fallait donc le remplacer, on l’a tout de suite nommé au gouvernement en lieu et place de celui qui l’a remplacé à la maison des sous.
Jeudi 23 Janvier, les directeurs sortants de la télévision de service public et de la Commission nationale des hydrocarbures ont, chacun, joui d’un nouveau poste en guise de promotion ou de ... consolation.
Donc, jusqu’ici, peu de personnes ont été vraiment laissées sur la touche.
Bonne, très bonne chose certes, dans ce pays où beaucoup de gens ont été débarqués de façon parfois très sarcastique avec une inspection de l’IGE.
Mais si l’actuel pouvoir a raison des fois d’y aller de la sorte, il pourrait être amené, dans certains cas, à recycler des gens à qui de reproches rédhibitoires en matière de gouvernance sont faits et qui ne sont censés avoir de places qu’à Dar Naïm ou Bir Moghrein.
Naturellement, les cas pareils ne sont pas légion au niveau des toutes dernières nominations. Mais, en général, ils existent. J’en connais personnellement certains, rares, il est vrai, mais qui sont pour autant significatifs.
Toutefois, le reproche majeur fait à l’endroit de cette approche par l’opinion est qu’elle ne favorise pas le changement souhaité par le public. En effet, pour bien des observateurs, en agissant de la sorte, les pouvoirs publics émoussent toute possibilité de changement dans cette administration qui ne fait, disent certains, que recycler les anciens responsables ou les permuter.
C’est cela qui développe à l’heure actuelle un sentiment de lassitude et d’incertitude alors que nous vivons la fin de l’état de grâce qui a suivi l’élection du président Ghazouani.
Aujourd’hui, les pouvoirs publics ne doivent pas ignorer que la demande du changement est forte et qu’elle est la chose la mieux partagée en Mauritanie.
En attendant des performances nouvelles qui auront des retombées positives sur les services de base, le niveau des prix, celui de la santé, de l’emploi et de l’éducation, le plus grand nombre se délectera sans doute de voir des hommes nouveaux accéder aux postes-clefs de la République. Ces hommes existent et il n’y a pas de raisons qu’ils continuent d’être maintenus à la marge, maintenant que les principaux critères de choix des responsables sont la compétence et la probité.
Pour être bonne et pour qu’elle réponde aux aspirations profondes des Mauritaniens, l’option de changement dans la douceur visiblement choisie par le régime doit de préférence charrier de nouvelles compétences, de nouveaux visages pour ne pas passer pour une continuité toute plate que plus rien ne justifie aujourd’hui. Car, il ne faut pas que l’excès de précautions en arrive à sonner le glas des espérances du plus grand nombre.
Ely Abdellah