mis à l’écart par Ghazouani, Aziz rumine un éventuel retour

En rompant avec son ex-dauphin et successeur, Mohamed Ould Abdelaziz s’est plus que jamais isolé des sphères du pouvoir. Mais l’ancien président refuse de s’avouer vaincu. 

À Nouakchott ce 19 décembre, reclus chez lui, Mohamed Ould Abdelaziz ne décolère pas. L’ancien président estime être depuis plusieurs jours la cible de tracasseries administratives l’empêchant de tenir une conférence de presse dans l’un des hôtels de la capitale.

Lui qui, hier encore, était l’homme fort de la Mauritanie serait désormais tributaire du bon vouloir d’un simple préfet. Il s’impatiente, la situation l’insupporte. Il se sent trahi. « Je suis persécuté », déclare-t-il d’emblée aux journalistes qu’il a finalement reçus à son domicile à la nuit tombée. Et de dénoncer un « acharnement » à son encontre après que plusieurs médias locaux ont préféré ne pas couvrir cette allocution.

 

« Aziz a toujours été dans la confrontation, précise le capitaine Ely Ould Krombelé, un ami de jeunesse. S’il n’a pas d’adversaire coriace face à lui, il se pose en victime. » En rompant subitement avec son dauphin et successeur, Mohamed Ould Ghazouani, qui a catégoriquement refusé qu’il prenne le leadership de l’Union pour la république (UPR), Aziz s’est totalement isolé des sphères du pouvoir. Tant qu’il reste campé sur ses positions, l’ex-président n’existe ainsi politiquement que dans l’opposition au nouveau chef de l’État.

« Il est désemparé car il a face à lui un homme puissant mais calme qui refuse de rentrer dans son jeu », ajoute un ex-collaborateur. Si les deux hommes, auparavant en contact permanent, ne se sont pas parlé depuis le 22 novembre, Ghazouani, qui déteste le conflit et prend soin de ne froisser personne, continue en effet de se montrer très disposé à l’égard de son prédécesseur.

Selon nos informations, les deux « frères » n’ont pas conclu d’accord politique avant le scrutin de juin dernier, pas plus qu’ils ne se sont entendus sur un futur partage du pouvoir.

Ghazouani était d’accord pour accorder d’éventuelles faveurs à son plus proche ami, mais il n’a jamais imaginé ne pas être le chef de sa propre majorité. De son côté, l’ancien chef de l’État, intimement persuadé qu’il aurait toute latitude, a franchi la ligne rouge en se présentant publiquement comme la « référence » de l’UPR.

Directif et impulsif

« Aziz a sous-estimé l’importance que Ghazouani accorde à son serment présidentiel, estime l’un de ses fidèles. Il ne le connaît pas véritablement. À l’inverse, Ghazouani a pris le temps, durant toutes ces années, d’apprendre à comprendre le fonctionnement d’Aziz. Il sait désormais quelles sont ses qualités, ses défauts et il peut anticiper chacun de ses actes. »

 

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أربعاء, 22/01/2020 - 20:35