Des bloggeurs accusant les islamistes d’être derrière ce qui se passe actuellement au Sénégal. C’est vrai que le ministre de l’intérieur sénégalais voit la main du terrorisme dans le mouvement de contestation, les pillages et les violences qui secouent le pays depuis quelques jours. Il n'a cependant pas désigné une organisation ou un mouvement précis, responsable de ce qui se passe. Ce qui n’a pas empêché des médias et bloggeurs d’indexer des mouvances islamistes, comme les Frères Musulmans.
L’un de leurs ennemis jurés, l’avocat et ancien ministre mauritanien Mohamed Ould Moine, ne doute pas de leur implication, bien qu’il n’apporte pas de preuves ; en tout cas pas de preuves vraiment convaincantes. Dans la même optique, certains commentateurs établissent un rapport, nos sans empreint d’humour parfois, entre l’accusation de viol portée contre Ousmane Sonko et les démêlés judiciaires de Tarek Ramadane, l’intellectuel et grande vitrine des Frères Musulmans en Europe.
L'image et l'aura de ce dernier ont pris un coup quasiment mortel à cause de ce scandale. C'est ce que redoute l'ambitieux député sénégalais et ses amis, qui aspire aux plus hautes fonctions politiques dans son pays. Pour mette un terme à ce risque, il politise l'affaire, accuse le président Macky Sall d'être derrière ce "montage" de viol, dont il est accusé, et appelle ses soutiens et sympathisants à descendre massivement dans la rue.
*Jusqu'où iront-ils? Leurs actes délictueux ou criminels, en tout cas incontrôlables et préjudiciables, ne risquent-ils pas d'être contre productifs, de produire l'effet inverse de ce que désirait Ousmane Sonko?
Ce dernier persistera-t-il dans la logique de confrontation avec l'Etat et avec son accusatrice ? Ou bien optera-t-il plutôt pour une autre stratégie plus conciliante ?
L'expérience de Tarik Ramadane pourrait lui servir d'exemple. Au début, il a tout nié, prétendant qu'il était victime d'un complot politique fomenté par le sionisme et ses acolytes occidentaux. La mouvance des Frères Musulmans l'avait soutenu activement dans cette voie avant que lui-même n'y renonce. Ses amis politiques avaient estimé alors qu’il a commis un péché de fornication. Et ils ont raison dans la mesure où Tarek Ramadane a fini par changer de ligne de défense : "les femmes étaient consentantes", déclara-t-il au juge.
Une stratégie en principe payante en Occident, si la version de l'intéressé s'avère vraie . Elle est toutefois difficilement défendable au Sénégal. Un pays où les citoyens dans l'ensemble sont profondément musulmans, très attachés à la religion, aux traditions et notions d'honneur qui proscrivent les rapports sexuels hors mariage.
Par ailleurs, signalons enfin que d’autres voix accusatrices s’orientent vers les mouvements et courants scissionnistes casamançais.
El Boukhary Mohamed Mouemel