Elu en candidat « presque » indépendant des chapelles politiques, le président Ghazwani fait aujourd’hui l’objet de nombreuses convoitises. Les divers clans qui soutinrent sa campagne, la majorité présidentielle, les différentes initiatives et personnalités politiques qui contribuèrent à sa victoire du 22 Juin se battent pour occuper la première place ; en bref, le mettre sous « influence ». L’UPR, dont le mentor avait choisi et imposé l’actuel président en successeur, non sans accrocs et grincements de dents de ses plus proches, est aujourd’hui divisée. Les uns souhaitent tourner la page de la gouvernance d’Ould Abdel Aziz. Au cours d’une réunion, certains de ces hauts responsables n’ont pas manqué de critiquer la gestion de celui qu’ils ont presque vénéré, onze ans durant. Ils souhaitent, à défaut d’un nouveau parti, changer le nom de l’actuel. Histoire, semble-t-il, de se débarrasser de l’héritage d’Ould Abdel Aziz.
Les autres n’entendent pas les choses de cette oreille et restent attachés aux « idéaux » ou à la personne de leur fondateur, Mohamed ould Abdel Aziz. Certains d’entre ceux-là déclarent à qui veut l’entendre que le régime de Ghazwani n’est une continuité du précédent. Autrement dit, le nouveau président, simple copie de l’ancien : point-barre. Ce groupe se recruterait dans le vivier de ceux qui ne ménagèrent aucun effort pour promouvoir le troisième mandat. Mais les vestes commencent à changer : la transhumance, en Mauritanie, reste la mieux partagée des coutumes traditionnelles. Les opportunistes de tout acabit ont réussi jusqu’ici à prospérer et à survivre aux changements.
Et ce n’est pas tout. Un dernier clan, essentiellement composé de ceux qui s’affichaient, dans les manifestations de l’UPR, à ne défendre surtout que leurs intérêts égoïstes (hauts cadres de l’administration, hommes d’affaires, cadres de la Société civile …) ont déjà pris leur distance d’Ould Abdel Aziz pour se rapprocher de Ghazwani. Question de se bien positionner dans la nouvelle galaxie. La fondation d’un nouveau parti leur paraît incontournable. Celui-ci devra comprendre tous ceux qui ont soutenu le candidat Ghazwani et ceux qu’on pourrait appeler des « transfuges » de l’UPR, au cas où ses caciques décideraient de maintenir le parti dans l’arène politique nationale, avec ancrage dans la majorité présidentielle, puisqu’il est inimaginable, dans la conjoncture actuelle, que le parti d’Ould Abdel Aziz choisisse de changer de camp.
Le nouveau parti serait clairement celui de Ghazwani qui a besoin, disent ses promoteurs, d’une structure politique spécifique pour matérialiser son programme électoral. La majorité parlementaire qu’offre l’UPR ne rassure pas les proches du nouveau président : ils n’ont pas oublié les derniers rebondissements autour du troisième mandat. Chat échaudé craignant l’eau froide, ils continuent à redouter la capacité de nuisance de l’ancien président et des « taupes » qu’il aurait placées un peu partout avant son départ.
C’est cette situation que le président Ghazwani doit gérer. Et ne semble guère, à ce jour, pressé de liquider en faveur de quiconque. Prudence de marabout ? Mais les pressions croisées des uns et des autres finiront bien par l’obliger à se prononcer. Pourvu qu’il fasse le bon choix… au bon moment ! Les capacités d’écoute et de stratège qu’on lui prête devraient beaucoup l’y aider.
DL