L’avènement des « social media » a mis la lumière sur une littérature politique nationaliste négro-mauritanienne abondante jusque-là inconnue du grand public et même de la classe politique nationale, à l’exception de ceux qui s’y intéressent de près, c’est-à-dire les parties prenantes à la crise de cohabitation que sont les mouvements nationalistes arabes d’obédience baathiste et nassériste.
La communication des FLAM, porte-parole autoproclamé des ethnies halpulaars, soninkés et wolofs de Mauritanie, se diffuse à travers un site électronique (Flamnet.info) et à travers des dizaines de pages sur Facebook, tout un arsenal médiatique dédié à leur propagande anti « système beïdane ».
Un échantillon représentatif du discours de ce mouvement ethno-communautariste est trouvable dans une tribune signée par son chargé de communication datant de février 2014 au journal électronique en ligne malien, maliactu.info, où il résume en quelques paragraphes le bashing habituel de son groupe militant ; une pyrotechnie verbale agréable à lire pour ses militants et sympathisants, et faux pamphlet vitriolique pour le camp adverse, il dit :
« La discrimination raciale commença d’abord feutrée, subtile et insidieuse, pour un projet qui allait devenir obsessionnel : construire une Mauritanie exclusivement arabe ! Pour ce faire, des mécanismes furent mis en œuvre pour que l’Etat fut la « chose » des arabo-berbères. Progressivement, au rythme des résistances qu’opposaient les Négro-africains, ont fît de sorte que les arabo-berbères contrôlent la réalité du pouvoir politique et économique, la justice, l’éducation, l’armée. La diplomatie ne sera pas en reste car, à l’extérieur, il faut afficher l’image d’une Mauritanie arabe par la composition des délégations, le discours et les clichés culturels ».
De manière générale, le génie politique nationaliste négro-mauritanien est riche en formules lapidaires, il a produit entre autres expressions, les slogans suivants : « La Nation en question », « la cohabitation interraciale », « le négro-mauritanien opprimé », « le racisme d’État », « le passif humanitaire » ; « l’arabisation forcée », « l’exclusivité arabe », « le système beïdane » et bien d’autres slogans diffusés en boucle depuis l’aube de l’indépendance à nos jours.
Que le ton soit violent ou que le fond soit archi-faux, peu importe pour les Négro-ethnicistes, car il s’agit du lien du sang à sauver de la perdition. Hannah Arendt parlant de la propagande affirme que celle des communistes « menace les gens de rater le train de l’histoire, de rester désespérément en retard de leur époque, de passer une vie inutile », et d’ajouter que celle du nazisme « les menace de vivre en désaccord avec les lois éternelles de la nature et de la vie, en détériorant leur sang d’irréparable et mystérieuse façon ».
Ceux-ci reprochent à Moktar et à tous les pères-fondateurs d’avoir mis ensemble Arabo-Mauritaniens et Négro-Mauritaniens, évoquent un péché originel. Et à présent, ils parlent de la refondation de l’État ou de l’autonomie du Sud ou de la sécession de la région du fleuve…
Les FLAM déçues adoptent, sans le revendiquer, le leader d’IRA et mettent à sa disposition leur agenda raciste, leur mode opératoire, leurs carnets d’adresses en Europe et aux États-Unis, notamment avec le lobby sioniste, leurs sources de financements et leurs relations avec la presse française et sénégalaise.
Et comme baptême du feu, le Mahatma Gandhi, l’homme « rebelle à la force tranquille », est revisité et un de ses actes sera cloné : quand en réaction à la loi « Black Act », il brûla le livret d’enregistrement colonial et invita ses compatriotes à faire de même. « Le film de Richard Attenborough titré Gandhi, sorti en 1982, a immortalisé l’autodafé de ces documents, un geste de désobéissance civile déclencheur de la lutte anticoloniale »
Pour sa part, Birame a détruit par le feu, devant les caméras et au vu et au su de tous, les livres de droit malékite accusés de consacrer l’esclavage ; une pure provocation heurtant les consciences et froissant les gens dans leur foi, dans le but de choquer par le sacrilège.
Cette violence avait offensé les esprits tranquilles parce qu’elle avait rappellé l’autodafé et les tribunaux d’inquisition, une période d’intolérance et de fanatisme dont avait beaucoup souffert l’Europe avant l’époque des lumières…
À dire vrai, Birame n’est le héros que de la bande dessinée : « Pourquoi le Maure craint l’eau », signée par Kemado Touré et préfacée par Amadou, des flamistes. C’est une satire vicieuse distribuée au Sénégal. Il y est raconté que la cervelle du Maure peut guérir ! En voici un extrait :
Figure 1 :
Collé, sa douce moitié, le souleva et lui sécha les larmes :
Calme-toi chéri. Tout n’est pas encore perdu, l’espoir est bien permis.
Figure2 :
Comme je l’ai dit à ta femme, ton enfant ressuscitera si on lui enduit le corps avec la cervelle d’un Maure.
Figure 3 :
La baignade eut lieu, le petit maure, malgré l’interdiction de ses parents, fut au rendez-vous. Dès qu’il eut fait quelques plongées, on lui assena quelques coups de gourdin sur la tête.
Figure 4 :
Le crane se fendît et l’eau rougit de sang.
Figure 5 :
Les Enfants ramassèrent la cervelle et allèrent vite la remettre aux vieux Birame qui attendait impatiemment.
Bravo ! Merci les enfants.
Figure 6 :
Birame, le cœur meurtri, en appliqua aussitôt sur le corps de sa fille qui éternua trois fois de suite et ouvrit les yeux.
Lève-toi, mon enfant.
La bande dessinée de Touré n’a pas besoin d’être expliquée, le dessin et le dialogue suffisent pour exprimer de la façon la plus claire et la plus directe ce que veulent les FLAM d’IRA et des Harratines de manière générale…
Extrait de ‘’Mauritanie : vous avez dit vivre ensemble ?’’.