Peut-on se positionner politiquement En Mauritanie en 2020 ?

Juste avant la chute du régime de l’ancien président Monsieur Mokhtar Ould Daddah, les partisans du parti ‘’Hezb-Chaab’’ étaient profondément et arbitrairement fragmentés sur lesorientations politique du régime et sur ses stratégies socio-culturelles. Aujourd’hui ; les hommes(femmes) politiques sont eux aussi morcelés entre ceux qui soutiennent, toujours, l’ancien président Monsieur ‘’Mohamed Ould Abdel-Aziz’’ et ceux qui adossent la politique Ghazouinienne. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes personnages : 42 ans en étaient suffisamment capables d’effectuer une mutation politique aphasique. Mais ; il est tout-à-fait normal que les uns et les autres, dans tous les temps et dans toutes les circonstances, justifient leurs orientations politiques par des arguments rationnel, judicieux, et généralement, prétendent avoir mis l’intérêt de la nation au-dessus de toutes autres considérations. Ainsi, le simple citoyen Mauritanien a fini par développer une vision désorientée et perplexe de la scène politique, au point qu’il est devenu presque impossible, pour lui, de se positionner politiquement en toute liberté. Il est maintenant commun qu’au cours d’un débat politique, les auditeurs mauritaniens tendent à oublier le thème du débat puisqu’ils orientent leurs attentions, plutôt, sur l’effort de  discerner l’aliénationpolitique des invités au lieu d’essayer de comprendre leurs points de vue ou de tenter depercevoir leurs messages vis-à-vis à la thématique discutée. Peut-être que vous, monsieur le lecteur, ayez continué la lecture de cet article  grâce à votre curiosité, car vous n’aviez pas encore repéré l’orientation politique ou idéologique de l’écrivain. Je vous invite à continuer la lecture pour m’y appréhender.

Pour montrer au Ministre ‘’d’Argenson’’ qu’il le respect seulement pour ce qu’il est, et non pour son pouvoir, Denis Diderot a écrit dans la première page de la première édition de son encyclopédie en 1751 : ‘’L’autorité suffit pour un ministre pour lui attirer l’image aveugle et suspecte des courtisans mais elle ne peut rien sur le suffrage du public’’. Le Ministre d’Argenson’’ était celui qui a fait sortir Denis Diderot de la prison (Château de Vincent). Le message n’était pas acquis seulement par le Ministre d’Argenson; mais aussi par tout esprit libre,c’est pour quoi son effort et l’effort de ses collaborateurs et partisans ont culminé à la révolution française en 1789. Nous, Mauritaniens comme la plupart des peuples du tiers-monde d’aujourd’hui, nous avons la chance de se proclamer républicain sans vraiment prendre soin de la causalité de ces fameuses proclamations. Devons-nous d’abord concilier avec l’auteur de la meilleure définition, de tous les temps, du concept de la république ‘’Montesquieu’’ avant de se proclamer ainsi. Selon ‘’Montesquieu’’ la république est par définition l’opposée du régime tyrannique, que ce soit la tyrannie royale, ou la tyrannie aristocratique. Donc, pour être républicain il faut, premièrement, séparer le pouvoir religieux (et/ou le système féodal) du pouvoir exécutif et ensuite instaurer un système démocratique, conforme aux normes et auniveau de vie des citoyens, pour le choix de leurs dirigeants. En même temps, on ne peut parler d’une vraie démocratie sans la séparation des principaux pouvoirs émanant des autorités :exécutif, législatif, et judiciaire.

Rappelons que depuis 1991 tous les présidents qui se sont succédé à la tête du régimeMauritanien ont toujours proclamé être l’instaurateur d’une vraie démocratie qui veille à la séparation des pouvoirs. Le plus chanceux, d’entre eux, est l’actuel président ‘’Mohamed Ould Ghazouany’’ ; car dès la première année de son mandat présidentiel, l’autorité parlementaire régnante a fourni un grand effort pour se faire valoir en essayant de jouer son rôle d’autorité de supervision sur les travaux du pouvoir exécutif et celui de l’autorité judiciaire. Il sera tout à fait illégitime de critiquer cette autorité d’avoir essayé de jouer son rôle principal. Le débat politique qui a été suscité par le résultat du travail de ce comité m’a rappelé la réponse, à mes revendications, d’un policier américain qui m’a interpelé, sur une autoroute aux Etats-Unis d’Amérique, parmi une vague de voitures pour me prescrire une amande alors que je n’étais pas le seul automobiliste qui surpasse la vitesse maximale. Celui-ci m’a répondu : ‘’Je sais que vousn’êtes pas le seul automobiliste qui dépasse la vitesse maximale ; mais, c’est à moi de choisir,aléatoirement, l’un de vous pour lui infliger une amende. Mais ; soyez au courant monsieur, quevous avez légitimement le droit de vous défendre devant un procureur et je serai obligé de fournir des preuves à mes soupçons pour vous rendre condamnable’’. Je reconnaissais donc que mes tentatives d’échapper à cette amende ne se basent sur aucune preuve de non-culpabilité. En réalité, mes complaintes étaient une façon de désapprouver, indirectement, les règlements qui régissent le Code de la route aux USA. Ses complaintes ne représentent qu’un sentiment de révolte, commun à toute personne prouvée fautive quelles que soient les exigences de son infraction et ne peut en aucun cas conduire à une preuve légale pour l’innocence du présumé coupable.

En Mauritanie, les partisans de l’ancien président ont donc, légalement, le droit de le supporter, mais à condition qu’ils séparent la passion à la raison. De la même façon, il serasuicidaire de soutenir l’actuel président Mr. Mohamed Ghazouni en se limitant sur des argumentsmotivés essentiellement par un utilitarisme politique égoïste. Pour donc se positionner politiquement en Mauritanie il est nécessaire de s’éloigner de l’esprit utilitaire et diverger la passion de tout jugement politique. Le fruit de cette approche ne peut être obtenu qu’aprèsquelques années de travail et de sacrifice. Mais, la question qui se pose sera : Avons-nous dans toute notre nation ‘’un Montesquieu, un Diderot, un Rousseau, ou un Voltaire’’ pour assumer la responsabilité d’éduquer nos citoyens dans cette avenue pénible et laborieux que l’on appel ‘’la Démocratie’’ ?  

 

 

 

 

Saleck Elmoustapha Senhoury

Nouakchott, le 15 October, 2020.

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جمعة, 16/10/2020 - 18:44