Investissements dans les infrastructures et le fonctionnement
La loi de finances 2025 consacre des ressources significatives au développement des infrastructures universitaires. Une enveloppe de 50,12 millions MRU est allouée à l’équipement des laboratoires de recherche et d’enseignement. Cet investissement traduit la volonté de renforcer les capacités techniques des institutions en finançant divers besoins essentiels : l’achat d’ouvrages spécialisés, les abonnements à des revues scientifiques, l’acquisition de matériel informatique, ainsi que le soutien aux dépl...
Par ailleurs, 2 millions MRU sont destinés à la réhabilitation des bâtiments de l’École Normale Supérieure (ENS) afin d’améliorer durablement les conditions matérielles d’apprentissage des étudiants et des chercheurs. Ces mesures visent à moderniser le système éducatif en favorisant l’excellence académique et la production scientifique.
En termes de fonctionnement, l’Institut Supérieur d’Enseignement Technologique (ISET) bénéficiera d’un budget de 82,7 millions MRU, dont 45,47 millions MRU alloués aux charges du service public. De plus, 92 millions MRU sont prévus pour soutenir les services de transport étudiant, un effort visant à améliorer l’accessibilité aux études pour les jeunes issus de régions éloignées.
Cependant, ces investissements matériels doivent s’accompagner d’une gestion plus efficiente des ressources humaines afin de répondre aux défis structurels du système éducatif.
Le problème structurel des ressources humaines : vers une gestion réorganisée
L’un des principaux défis auxquels fait face l’université mauritanienne est l’insuffisance de professeurs permanents. Actuellement, une grande partie de l’enseignement repose sur des vacataires, qui représentent parfois plus de 60 % du corps enseignant, selon l’Université de Nouakchott. Ce modèle, bien que flexible, fragilise la continuité pédagogique et la qualité des enseignements, en particulier dans des filières stratégiques comme la gestion et l’économie. La forte dépendance aux vacataires entraîne une instabilité des programmes, un manque de suivi des étudiants et limite les activités de recherche.
Pour remédier à cette situation, il est crucial de renforcer le recrutement d’enseignants permanents. Toutefois, se limiter exclusivement aux titulaires d’un doctorat constitue une contrainte, compte tenu du faible nombre de doctorants disponibles, notamment dans certaines disciplines clés. Une approche efficace consisterait à intégrer des enseignants en cours de qualification dans des postes permanents, tout en leur offrant des programmes de spécialisation académique et de développement professionnel.
Ces programmes pourraient inclure une formation intensive de trois mois axée sur l’innovation pédagogique, la méthodologie d'enseignement et la gestion des amphithéâtres. Une telle initiative permettrait non seulement de stabiliser le corps professoral, mais aussi de réduire les coûts liés à la vacation, qui représentent une charge budgétaire importante.
Par ailleurs, la mise en place d’un contrat de bourse doctorant-moniteur, avec attribution d’un salaire en contrepartie de quelques heures d’enseignement, constituerait une solution pertinente. Ce dispositif permettrait de renforcer les capacités de recherche tout en améliorant le classement futur des universités mauritaniennes sur le plan international.
Enfin, la réorganisation des ressources humaines est indispensable pour absorber le flux croissant d’étudiants. Chaque année, l’université accueille un nombre important d’inscrits sans disposer des capacités administratives et académiques nécessaires pour leur offrir un parcours de qualité. Ce déséquilibre conduit à la formation de diplômés insuffisamment préparés aux exigences du marché de l’emploi et aux objectifs de développement du pays.
L’importance de la formation technique dans la stratégie globale
Bien que l’enseignement supérieur général reste plus attractif, la formation technique doit être valorisée pour répondre aux besoins spécifiques du marché. L’économie mauritanienne, portée par les secteurs minier, gazier et industriel, requiert des techniciens spécialisés capables de s’adapter rapidement aux exigences opérationnelles.
Cette demande n’est pas suffisamment couverte par le système universitaire traditionnel.
Afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail, le gouvernement pourrait encourager les jeunes à s’orienter vers des formations techniques grâce à des politiques incitatives. L’une des stratégies efficaces serait de mettre en place un système d’alternance, combinant théorie et pratique. Les étudiants suivraient des cours le matin, puis intégreraient des entreprises l’après-midi afin d’acquérir une expérience professionnelle concrète.
En parallèle, des mesures visant à améliorer les conditions salariales dans les métiers techniques contribueraient à revaloriser ces filières. La création de programmes de formation ciblés, en partenariat avec le secteur privé, garantirait une meilleure adéquation entre les compétences enseignées et les exigences du marché. De plus, des campagnes de sensibilisation et de communication seraient nécessaires pour changer la perception négative souvent associée à ces parcours, en mettant en avant les opportunités de carrière qu’ils offrent.
La mise en œuvre de cette stratégie permettrait de réduire le chômage des jeunes en formant une main-d’œuvre immédiatement opérationnelle et adaptée aux secteurs clés de l’économie, tout en renforçant la compétitivité globale du pays.