Haro sur Biram

Depuis quelques jours, toute l’actualité nationale est focalisée totalement autour de propos tenus par le député Birame Dah Abeid à Genève à l’occasion de la réception du prix du courage qui lui a été décerné cette année.

De tout le long discours prononcé, beaucoup de Mauritaniens n’ont retenu que la partie où le président du Mouvement pour la Résurgence Abolitionniste  (IRA) traite la Mauritanie de pays de l’Apartheid. Cela a suffi pour que des condamnations fusent de toutes parts et que des personnalités politiques, des droits de l’homme et de beaucoup d’autres choses tirent sans ménagement sur Birame Dah Abeid accusé de vouloir mettre le pays à feu et à sang et ayant comme programme de dresser les communautés nationales les unes contre les autres.

Et, profitant du climat d’hostilité envers l’honorable député, d’anciens amis, devenus de cyniques ennemis, en plus de larges franges lambda de la population ont repris le relais des déclarations et des discours de salon pour aller propager les plus folles rumeurs sur les capacités de nuisance supposées de Birame Dah Abeid qui devient du coup l’ennemi public numéro de la république islamique de Mauritanie. Et que cette fois-ci pour ces forces et lobbies, Birame est allé très loin.

Officiellement, en dehors de la réaction pas du tout justifiée du président de la commission nationale des droits de l’homme compte tenu de l’indépendance de cette importante institution de défense et de promotion des droits humains, les autorités mauritaniennes n’ont pas jusque là réagi. Peut-être que le départ à Genève ce samedi 21 février du commissaire des droits de l’homme constituera une occasion de réagir aux propos du député Birame Dah Abeid. Mais au delà de toute la surenchère que la sortie du président d’IRA a suscitée, il importe quand même de faire certaines remarques. La première est qu’il est grand temps après trente ans de pratiques démocratiques que chacun comprenne y compris les plus hauts responsables que chaque Mauritanien a le droit de s’exprimer sur la Mauritanie selon ses convictions.

C’est en vertu de cela que d’éminents politiciens se sont permis il ya quelques années d’aller déclarer leur allégeance à un leader étranger sans que cela n’ait suscité une quelconque indignation et n’émeuve personne. La deuxième est que personne n’a le droit de prétendre être le parrain de la Mauritanie et s’octroyer le droit d’apposer aux autres le titre de citoyen modèle ou de citoyen criminel ou détenant un agenda de ceci ou un agenda de cela. Exactement comme il est de notre devoir à tous de tout faire pour préserver notre pays des nombreux dérapages qu’occasionnent justement les injustices, le partage inéquitable des ressources, l’accès inégalitaire aux opportunités, la marginalisation, l’exclusion et toutes les autres formes d’iniquité dont souffrent de larges franges nationales issues de toutes les communautés nationales.

La troisième est que cette histoire d’internationalisation des problèmes est un faux problème puisque ce qui se passe en Mauritanie quelle que soit sa nature est connu dans ses moindres détails par la communauté internationale. Sinon, les États et la communauté internationale ne dépenseraient pas autant d’argent pour l’accréditation des ambassades et  des représentations d’organismes internationaux dans les pays. Cela pose justement le rôle pas évident de la quarantaine de missions diplomatiques dont dispose la Mauritanie dans le monde. La quatrième est qu’il ne sert à rien de vouloir continuer à essayer de cacher certaines réalités en organisant de grosses campagnes de dénigrement et de démenti systématiques contre ceux qui les dénoncent même maladroitement et avec peut-être une certaine exagération.

 

El Kory Sneiba     

ثلاثاء, 25/02/2020 - 14:54