.A force de tenir , des longues décennies durant , la barre du mouvement national démocratique ( MND ) qu'il avait , avec ses compagnons de lutte , lancé à la fin des années 60 ,, le camarde Bedr dine , s'est vu collé , malicieusement, le sobriquet du " Grand Timonier ".
En effet , derrière cette appellation, en apparence moqueuse , se trouve sous-jacent, un vieux cliché réactionnaire parlequel le bloc conservateur avait essayé , en vain de discréditer l'une des figures les plus attachantes du paysage politique mauritanien.
C'était au temps où des nababs de la politique locale , déstabilisés par les chants révolutionnaires des écoliers lancés au nez du Président de la République , lors d'une visite qu'il avait effectuée dans une lointaine région du pays , n'avaient d'autre explication à donner à cette hérésie que la présence de Badr açine " littéralement " la lune de la Chine " dans les parages.
Le pouvoir de l'époque croyait pouvoir casser l'élan militant de l'indomptable rebelle en l'éloignant du centre . C'était peine perdue.
L'inlassable combattant avait réussi , dans un temps record , à allumer la flamme de la contestation dans un environnement des plus conservateurs .
Face à cette vague de contestation , la propagande du régime avait fait, cyniquement, usage d'un jeu de mots en déformant le nom de Badr dine ( lune de la religion ) .
Un double objectif se trouvait derrière cette ignominie. Il s'agissait , d'une part, de coller au mouvement qu'il représente , une obédience étrangère et d'autre part , de le mettre en doute sa foi religieuse et donc de le discréditer aux yeux des masses .
Qu'importe ? Le temps a fini par démontrer que cette machination des forces de la domination était destinée à étouffer le mouvement progressiste.
En réalité, Badr Dine a eu le temps de prouver par sa ferveur patriotique qu'il était bien " une lune de Mauritanie " . et que la religion a , tout simplement été instrumentalisée pour occulter le cri des opprimés dont il était un digne porte porte-parole aussi bien dans sa lutte clandestine que dans son brillant mandat parlementaire.
Durant toute sa vie , le Camarade Badr dine avait fait, manifestement, sien l'argument que son compagnon Soumeida répétait à l'envie et selon lequel : vaut mieux mourir debout que de mourir à genoux.
Ce faisant , il incarnait, par son style, le refus de ' l'aplatissement " devant les contraintes du réel.
Il était une icône de la politique au sens noble du terme . Il était un véritable cas d'école qui disait ce qui lui paraissait vrai et faisait ce qui lui semblait juste .
Il appartient à la catégorie des oiseaux bien rares qui nous font oublier , dans des merveilleux instants de rêve, la souffrance que nous inflige la masse des médiocres politiciens cireurs de pompes et autres beni oui oui lesquels sont venus à la politique suite à un scandaleux vol avec effraction de nuit.
Abdel kader ould Mohamed