Naissance d'un espoir

La Cep a rendu public le résultat de ses enquêtes et investigations sur  une partie des affaires opaques dont regorge les dix dernières années de la gestion des affaires publiques.

Le draft fait état de beaucoup de perversions, de malversations et d'abus de pouvoir......bref une corruption active mais aussi une autre passive  

Des corrupteurs, de grandes entreprises d'envergure internationale mais aussi des entreprises écrans, des prête-noms et de prétendus  corrompus, des hommes politiques, des hommes du sérail dont même l'ex chef de L'État....un grand orchestre en marche pour sucer et detruire un pays  qui cherche, hélas sans très grand succès, à se frayer son chemin vers le retour à la moralisation de la gestion des ressouces communes  dont il a dévié depuis un 10 juillet 78.

Une corruption , des corrupteurs et des corrompus voilà en resumé l'output de la Cep.

La corruption est une termite qui ne voit pas mais se vit, elle ronge les ressources de l'Etat de façon silencieuse mais profondément catastrophique, elle ne laisse rien sur son passage et détruit les fondements structurants de la gestion saine des deniers publics ...on ne s'en aperçoit souvent qu'à posteriori, après que le mal eût lieu......elle prend plusieurs formes, abus de pouvoir, traffic d'influences, qui est en soi une infraction pénale  , malversations pures et simples .

Cette pratique est née avec la notion des biens communs et du service public.

C'est le retour de l'intérêt général vers l'intérêt particulier qui, pour reprendre Montesquieu, devient la finalité de l'action de l'homme à mesure que le luxe s'établit dans une société....Nous sommes au 18eme  siècle.

Elle est cet abus de pouvoir qu'on reçoit en délégation, d'un mandat public dans les domaines politique et/ou économique  pour retirer pour soi-même ou pour une tierce personne un profit de quelle nature qu'il soit.

Reprenant Jean Jacques Rousseau, l'avidité de l'argent corrompt les mœurs, détourne les hommes de leur devoir et affaiblit leur dévouement au bien commun.....donc à l'intérêt général 

Certains l'ont mathématisée par une formule simple : monopole + pouvoir- transparence.....

Ses effets ne se limitent pas seulement au cambriolage des fonds publics et dilapidation des ressources communes,

fragilisation des systèmes judiciaire et politique garants de l'intérêt général, augmentation des coûts,  perte de la confiance du peuple mais aussi et plus grave , elle revêt un caractère criminel au regard de ses répercussions sur le bien-être et la vie même des citoyens.....ceux qui en sont accusés doivent donc répondre non seulement des crimes financiers mais aussi traduits en pénal.

Ce sont des structures médicales de moins, des salles de classe de moins des puits de moins ......ce sont des morts qui auraient pu être sauvés, ce sont des jeunes qui auraient pu être soustraits à la délinquance et au mal-être, ce sont aussi des infrastructures routières qui auraient désenclavé des points reculés et qui leur auraient fourni plus d'assistanat en matière de santé , d'éducation....

Mais la corruption ne peut-être un acte isolé, c'est un système bien organisé où les  principaux acteurs, les donneurs d'ordre, les metteurs en scène, les lobbyings et les acteurs intermédiaires, s'interconnectent,  s'interagissent et mettent en commun leurs  pouvoirs, leurs savoirs , leur autorité  pour  réussir le sale boulot...

Une horde qui regroupe des ministres, des députés,  des chefs d'entreprises écrans,  des journalistes au secours et prêts à passer à l'assaut contre toute velléité de faire la lumière sur une facette de la partie visible de ce grand iceberg d'ignominie....La machine ne peut fonctionner sans l'engrenage de toutes ses pièces...

Un an sans Aziz,  un an avec Ghazouani, l'équipe est toujours là même, même si la boussole prend incontestablement une autre direction.

Paradoxe diront certains, incohérence pour les plus retenus ou purement et simplement une absurdité notoire aux yeux de ceux qui donnent à l'expression plus de liberté.

Peut-être que chacun ne manque pas de raison pour étayer sa position mais ce qui ne prête à aucune équivoque est que la Mauritanie prend désormais un autre chemin. 

Je suis de ceux, peut-être peu nombreux,  qui ne s'étaient jamais imaginés que le pouvoir de Aziz pourrait atteindre un tel niveau et une telle ampleur dans la dilapidation des biens publics de ce peuple pauvre et ameurtri.
Je savais cependant que l'orthodoxie financière et la probité morale n'étaient pas non plus ses points forts.
Un militaire qui jaillit dans des circonstances particulières  déchoit un président élu au suffrage universel, prit les commandes d'un système singulier  où les institutions continuent de fonctionner au moment où le garant de leur bonne marche est jeté en prison !!!!!!! .....il se déclarera porte-parole des opprimés,  des pauvres, des sans soutiens , des plus misérables.....il trompe beaucoup et recrute une myriade de laudateurs sans vergogne pour promouvoir son projet désastreux.

Le crime a commencé très tôt quand 

des députés très peu orthodoxes, sans grande moralité et peu scrupuleux se sont donnés pour mission de diaboliser un président élu au suffrage universel sans la moindre contestation et préparer l'opinion publique à l'une des plus graves entorses du fonctionnement d'un pouvoir politique dans un système démocratique.

Aussi des professeurs d'université,  de surcroît juristes, des journalistes, de grands hommes politiques et des intellectuels de grand tact ont tous pris part au sabotage des institutions de la république en 2008.

Tous les actes incriminés aujourd'hui n'auraient, peut-être, jamais pu avoir lieu, si ce travail n'était pas entrepris......

Leurs auteurs ont contribué à agenouiller les valeurs, les mœurs et l'État , ils sont comptables d'actes criminels et doivent en répondre.

 Il est quand même peu orthodoxe de jeter en prison des pauvres pour quelques mois peut-être plus , pour motif d'avoir, sous le joug de la misère ou d'un besoin de survie, volé un sac de riz, un téléphone  portable ou une bonbonne de gaz et laisser surfer dans le monde de l'insolence matérielle  les prédateurs des fonds publics....sans être inquiétés !!!!!

Aziz n'était pas seul et ne peut agir seul, il a besoin de complicités, il en a eues et toutes doivent répondre devant la justice sans exception aucune....

Ceux qui lui ont miroité la pluie et le beau temps pour franchir le rubicon du sabotage de la constitution, ceux qui l'auraient assuré d'un troisième mandat, ceux qui l'auraient même fait croire à la possibilité d'asseoir un royaume...l'ont leurré et l'ont poussé à actionner ses réflexes morbides ......ils ont leur part de responsabilité de tous les actes qu'il aurait commis.

L'output de la Cep est un travail louable, une première dans les annales politiques de la mauritanie et un acte qui doit asseoir un État de droit où les pouvoirs s'interconnectent mais travaillent séparément.
C'est l'occasion pour la Mauritanie de recouvrer les biens spoliés sans règlement de compte mais sans complaisance ni laxisme non plus.

C'est l'occasion aussi pour asseoir un Ètat de droit et affiner les mécanismes de gestion de la chose publique, toiletter l'appareil administratif, politique et judiciaire  pour que plus jamais de pareilles choses ne se répètent......moraliser la gestion de l'État et faire preuve d'une tolérance zéro vis-à-vis de la corruption....en un mot mettre fin à la mafiosisation de la gestion des affaires publiques.....L'espoir est né.

 

Dr Mohamed ould Radhi

أحد, 09/08/2020 - 17:02