Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme, ancien de la pêche industrielle et ex-directeur du Cnrop, devenu IMROP, n’y va pas par quatre chemins. Les révélations faites par un homme du sérail sont d’une gravité extrême puisqu’elles renseignent sur les pratiques de corruption, de favoritisme et de dilapidation de la ressource halieutique nationale.
L’ancien directeur, qui explique sa démission du poste de directeur de la pêche industrielle, par son refus de cautionner la convention signée en 2010 par le régime de Ould Abdelaziz avec Polyhondone Pelagic Fisheries, lève quelques voiles sur des pratiques clientélistes concernant les attributions des autorisations et quotas de pêche ainsi que les attributions de terrain du domaine public maritime et les autorisations de construction d’usines de farine de poisson.
Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme, dans une tribune publiée chez nos confrère de cridem, accuse notamment les responsables du Mpem d’enrichir quelques individus à en leur octroyant des quotas de pêche alors qu’ils n’auraient ni «…navires ni usines de pêche ». Il souligne, à cet effet, « qu’un quota poulpe de 400 tonnes a atteint, ce 02 Février courant, 60 millions d’UM dans la bourse de Nouakchott ».
Dans le même esprit, Dr Sidi El Moctar Taleb Hamme estime que cette dilapidation des ressources halieutiques porte aussi sur « des autorisations accordées (…) pour construire des usines de farines et huile et de poisson » dont les bénéficiaires n’ont aucun capital à investir mais qui, dans la pratique, donne la « chance aux détenteurs de trouver un partenaire avec qui pourraient-ils créer une société prête-nom moyennant une somme infime ». Il assure, par ailleurs, que « les autorisations qui n’auraient pas été valorisées par leurs ‘’propriétaires’’ dans les délais, deviennent un fonds de commerce pour d’autres mauritaniens » qui, après les avoir achetées à vil prix, parviennent toujours à trouver moyen à les reconduire.
Cette tribune déballant sur la place publique beaucoup d’aspects de la mal gouvernance du secteur des pêches dans notre pays risque encore de faire des vagues. Même si l’ancien directeur de la pêche industrielle s’en défend, elle intervient au moment où une commission d’enquête parlementaire est mise en place pour faire la lumière sur certains dossiers brûlants. L'intéressé met à nue des responsables mafieux déterminés à s'enrichir au détriment de la collectivité nationale. Cet écrit restera, sans doute, un rappel à l'actuel pouvoir qui a promis des changements profonds dans la gouvernance du pays, que le poisson pourrit toujours par la tête. Un véritable réquisitoire contre des responsables devenus carnassiers comme des requins.
Nous vous proposons l’intégralité de cette tribune parue dans les colonnes de cridem