Trois cartons rouges pour la SOMIR en quelque mois

Des scandales successifs ont secoué la SOMIR récemment. Il s’agit du rejet d’une cargaison d’essence, de l’acceptation d’une cargaison du Fuel et du démantèlement de la raffinerie. Ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie, je me limiterais uniquement à ces ‘‘trois cartons rouges’’ des derniers mois :

- Le rejet de la cargaison d’essence : Après avoir analysé une cargaison d’essence, la SOMIR a déclaré que le produit n’était pas conforme aux spécifications pour indice d’octane très bas. Sur la base de plusieurs analyses de confirmation concordantes, la cargaison a été rejetée. Après quelque jours de tiraillements et de tractations, et au moment où on s’apprêtait à une contre-expertise à l’étranger, la SOMIR déclare que le produit était bon. Finalement cette cargaison a été acceptée et les surestaries induits de la mise du bateau en rade coûtait pour le fournisseur quelque dizaines de milliers d’Euros.

- L’acceptation de la cargaison du Fuel : Après analyses de la dernière cargaison du Fuel, le bateau a été autorisé à décharger. Ce produit, bien que jugé conforme aux spécifications par la SOMIR, était impropre à la consommation. Il présentait une odeur très mauvaise et causait des problèmes au niveau des moteurs. Déjà en 2016, un produit similaire avait provoqué l’arrêt de toutes les centrales électriques à travers le pays. Ce qui avait induit notre laboratoire en erreur à cette époque était le fait que l’odeur qu’il présentait était semblable  à celle de la paradyne souvent utilisée pour baisser le point d’écoulement. Il s’est avéré par la suite, après analyses à l’étranger, que c’était en fait des Alkylphénols assez nuisibles pour les moteurs. Malgré que l’odeur du Fuel n’est pas une spécification contractuelle, il n’était plus tolérable pour la SOMIR d’accepter à nouveau un produit similaire après cet incident. 

Suite aux problèmes rencontrés sur cette cargaison du Fuel du 21 juin 2021 et après analyses effectuées à l’étranger, la SOMELEC a décidé, selon sa lettre postée sur les réseaux sociaux, de faire fonctionner ses centrales au gasoil. Ce qui lui coûte 100 000 USD/jour.

- Le démantèlement de la Raffinerie : Après avoir lancé un appel d’offres international pour la sélection d’une entreprise étrangère spécialisée et ayant une expérience prouvée dans le démantèlement des raffineries, la SOMIR a attribué ce marché à une entreprise nationale pour une centaine de millions d’ouguiya. Le tollé causé par cette décision a poussé la direction générale à annuler ce marché (avis d’annulation N°077/2021 publié le 09 juin 2021 sur l’ARMP).

Tous ces problèmes ont alimenté des rumeurs et interprétations colportant à tous les niveaux les tâtonnements et la dérive de la SOMIR. La déontologie de la profession voudrait que l’on exerce son activité professionnelle avec honnêteté et droiture et que l’on s’abstienne, en toutes circonstances, de tout agissement contraire à l’honneur et à la probité. Un responsable d’entreprise, en tant qu’autorité suprême,  doit faire preuve de ‘‘tolérance zéro’’ envers lui-même et se mettre dans la situation de n’avoir rien à se reprocher. 

L’effet pervers de cette responsabilité est que, à un certain moment, certaines erreurs (intentionnées ou pas) peuvent entacher dangereusement sa mission provoquant des résultats contre-productifs ou des dommages collatéraux.

A ce moment, le premier responsable, par nécessité morale, a  obligation de répondre et de se porter garant de ses actions et de celles de ses collaborateurs.

Plusieurs hommes l’ont assumé avec grandeur et honneur en se sacrifiant pour sauver leur institution. Ils ont tout simplement démissionné et présenté leurs excuses.

Aujourd’hui, ces scandales répétés sont de nature à porter atteinte à la renommée de la SOMIR connue pour étant une entreprise d’un très haut niveau de professionnalisme.

Face à cette situation, le Directeur Général de la SOMIR est appelé à prendre toutes ses responsabilités. Cela peut paraître inédit mais il n’y a pas d’autres choix. J’en appelle à sa conscience.

Avec l’élargissement de l’espace des libertés démocratiques dont nous bénéficions  aujourd’hui, les responsables ne peuvent plus se cacher indéfiniment derrière leur protecteur du pouvoir. Pour la première fois dans notre pays, chacun est mis devant ses responsabilités.

El Hadj SIDI BRAHIM

Ingénieur de Pétrole.

أربعاء, 30/06/2021 - 20:02