Ghazouani affirme son leadership

En tendant la main à l’opposition et en favorisant une union sacrée sur une série de sujets, Mohamed Ould Ghazouani affirme un peu plus son leadership et tue dans l’œuf tout espoir de come-back de son mentor et prédécesseur, Mohamed Ould Abdelaziz. 

Sur leurs terres mauritaniennes, Ahmed Ould Daddah, 78 ans, et Mohamed Ould Maouloud, 67 ans, retrouveraient-ils une seconde jeunesse ? Après avoir contribué à écrire trente années d’histoire politique, les deux opposants mauritaniens étaient jugés dépassés par beaucoup.

À la présidentielle de 2019, Mohamed Ould Maouloud, soutenu par Ahmed Ould Daddah, n’avait réussi à séduire que 2,4 % des électeurs. La déception fut très grande, et la défaite, amère. « Le pouvoir a cherché à nous humilier », nous confiait alors Ould Maouloud, président de l’Union des forces de progrès (UFP).

Ce dernier était loin d’imaginer que, quelques mois plus tard, le nouveau chef de l’État, Mohamed Ould Ghazouani, lui téléphonerait en personne pour s’enquérir de sa santé, après qu’il eut demandé en mars à être testé au Covid-19 – un examen qui s’est révélé négatif. Ce geste en apparence anecdotique est en réalité hautement symbolique.

Se débarrasser de l’image de « marionnette »

L’homme aux fines lunettes et au visage impassible qui s’est installé le 1er août 2019 au palais présidentiel de Nouakchott, où il se rend chaque matin à 9 heures, a révélé dans le courant de cette année des facettes insoupçonnées de sa personnalité.

Durant la campagne, Mohamed Ould Ghazouani s’était fait une promesse : se débarrasser au plus vite, une fois élu, de l’image de « marionnette » dont l’avait affublé Mohamed Ould Abdelaziz et qui était solidement ancrée dans l’esprit des Mauritaniens.

Les dix années de règne de son prédécesseur et mentor ayant été marquées par une forte crispation de la scène politique, l’un des premiers gestes du nouvel homme fort de Nouakchott a été de tendre à la main à l’opposition.

« Le président a fait sauter les tabous tant sa volonté de contacter tous ses détracteurs, même ceux considérés comme les plus radicaux, était inimaginable venant du pouvoir, analyse Lo Gourmo, premier vice-président de l’UFP. Jusqu’ici, ces rencontres ne pouvaient s’envisager qu’en situation de crise. »

 

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سبت, 10/10/2020 - 14:05